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CAS

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LA PROTECTION ET LA
PROMOTION DE LA SANTÉ LES SOINS DE SANTÉ




15
TABLE DES MATIÈRES




Rédacteurs
Jacqueline Messite
et Leon J. Warshaw




Table des matières La lutte contre le tabagisme sur les lieux de travail
15.41
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Jon Rudnick
La protection et la promotion de la santé sur les lieux de Les programmes antitabac chez Merrill Lynch and Com-
travail: vue d’ensemble . Leon J. Warshaw et Jacqueline Messite 15.2 pany: étude de cas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Kristan D. Goldfein 15.46
La promotion de la santé sur les lieux de travail . . . . . . . Le cancer: prévention et lutte
15.47
15.9 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Peter Greenwald et Leon J. Warshaw
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Jonathan E. Fielding
La promotion de la santé au travail en Angleterre La santé des femmes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Patricia A. Last 15.53




PROMOTION DE LA SANTÉ
15.13
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Leon Kreitzman Etude de cas: programme de mammographie chez Marks




15. LA PROTECTION ET LA
and Spencer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Jillian Haslehurst 15.59
La promotion de la santé dans les petites entreprises:
l’expérience américaine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les stratégies du milieu de travail pour protéger
15.16
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sonia Muchnick-Baku et Leon J. Warshaw la santé de la future mère et du nouveau-né: l’expé-
Le rôle du service médical interne dans les programmes rience des employeurs aux Etats-Unis
de prévention. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . John W.F. Cowell 15.19 15.61
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Maureen P. Corry et Ellen Cutler
Les programmes d’amélioration de la santé Information sur le VIH et le VIH/sida . . . . . . . . B.J. Stiles 15.65
chez Maclaren Industries, Inc.: étude de cas La protection et la promotion de la santé:
15.22
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ian M.F. Arnold et Louis Damphousse les maladies infectieuses . . . . . . . . . . . . . William J. Schneider 15.68
Le rôle du service médical interne dans les programmes La protection de la santé du voyageur . . . . . . Craig Karpilow 15.72
de prévention: étude de cas . . . . . . . . . . . . Wayne N. Burton 15.24 Les programmes de gestion du stress . . . . . Leon J. Warshaw 15.77
La promotion de la santé sur les lieux de travail au Japon L’abus d’alcool et de drogues. . . . . . . . . . . . . Sheila B. Blume 15.80
15.26
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Toshiteru Okubo
Les programmes d’assistance aux salariés (PAS)
L’évaluation des risques pour la santé. . . . . Leon J. Warshaw 15.27 15.86
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sheila H. Akabas
Les programmes d’éducation physique et de mise Le troisième âge et la santé: programmes de préparation
en forme: un atout pour les entreprises . . . . . . James Corry 15.32 à la retraite. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . H. Beric Wright 15.89
Les programmes de nutrition sur les lieux de travail . . . . Le reclassement externe. . . . Saul G. Gruner et Leon J. Warshaw 15.93
15.36
. . . . . . . . . . . . . . . . . Penny M. Kris-Etherton et John W. Farquhar




ENCYCLOPÉDIE DE SÉCURITÉ ET DE SANTÉ AU TRAVAIL TABLE DES MATIÈRES 15.1
15.1
LES SOINS DE SANTÉ




� LA PROTECTION ET LA PROMOTION � la mise en œuvre des programmes conçus par les employeurs
ou les syndicats pour permettre aux salariés de mieux faire face
DE LA SANTÉ SUR LES LIEUX aux soucis personnels ou familiaux exerçant une influence né-
faste sur leur moral et l’exécution de leur travail (par exemple,
DE TRAVAIL: VUE D’ENSEMBLE des horaires de travail aménagés, des aides financières et des
VUE D’ENSEMBLE

programmes consacrés à des problèmes spécifiques: abus d’al-
Leon J. Warshaw et Jacqueline Messite
cool et de drogue, grossesse, garde d’enfants, soins aux parents
âgés ou invalides, difficultés conjugales ou préparation à la
On a souvent dit que le personnel constituait l’élément fondamen-
retraite).
tal de l’appareil de production de toute entreprise. Même dans les
usines fortement automatisées ne comptant qu’un petit nombre
La promotion de la santé est-elle efficace?
de salariés, tout ce qui nuit à leur santé physique et morale se
On ne doute pas plus de l’efficacité de la vaccination dans la
traduit tôt ou tard par une chute du rendement, voire par une
prévention des maladies infectieuses que de l’utilité de bons pro-
catastrophe.
grammes de sécurité et de santé au travail pour réduire la fré-
Divers textes législatifs et réglementaires ont rendu les em-
quence et la gravité des accidents et des maladies d’origine
ployeurs responsables du maintien de la sécurité du milieu et des
professionnelle. De l’avis général, la détection précoce et le traite-
pratiques de travail, ainsi que du traitement, de la rééducation et
ment approprié d’une maladie à ses premiers stades font baisser la
de l’indemnisation des travailleurs victimes de lésions et d’affec-
mortalité et réduisent la fréquence et la gravité de l’invalidité
tions d’origine professionnelle. Les employeurs ont toutefois com-
résiduelle de nombreuses pathologies. Il est de plus en plus évi-
mencé à reconnaître, depuis quelques dizaines d’années, que
dent que l’élimination ou la maîtrise des facteurs de risque per-
l’incapacité et l’absentéisme coûtent cher, même si leur origine est
mettront d’empêcher, ou à tout le moins de retarder sensi-
extraprofessionnelle. C’est pourquoi ils ont élaboré des pro-
blement, l’apparition de maladies aux conséquences éventuelle-
grammes de promotion et de protection de la santé de plus en
ment fatales, telles que l’infarctus, les coronaropathies et le cancer.
plus complets s’adressant non seulement aux membres de leur
Il ne fait pas de doute qu’une bonne hygiène de vie et la capacité
personnel, mais également à leur famille. En inaugurant en 1987
de faire face avec succès aux différents problèmes psychosociaux
une réunion d’un comité d’experts de l’Organisation mondiale de
sont de nature à entraîner une amélioration de la santé morale et
la santé (OMS) consacrée à la promotion de la santé sur les lieux
de la capacité fonctionnelle favorisant la réalisation de l’objectif
de travail, le docteur Lu Rushan, Directeur général adjoint de
du bien-être, défini par l’OMS comme étant un état se situant
l’OMS, réaffirmait que cette organisation considérait la pro-
au-delà de la simple absence de maladie. Pourtant, d’aucuns, dont
motion de la santé des travailleurs comme une composante essen-
des médecins, demeurent sceptiques, du moins si l’on en juge par
tielle des services assurant la protection de la santé des travailleurs
leur attitude.
(OMS, 1988).
L’intérêt des programmes de promotion de la santé sur les lieux
de travail suscite peut-être encore plus de scepticisme. Cela dé-
Pourquoi se préoccuper des lieux de travail?
coule en grande partie de l’absence d’études conçues et effectuées
Parmi les raisons qui incitent les employeurs à organiser des
de manière adéquate, de facteurs de confusion tels que l’incidence
programmes de promotion de la santé, on distingue le souci
déclinante de la mortalité par cardiopathies et par infarctus et,
d’éviter les chutes de rendement imputables à des affections et à
surtout, des délais nécessaires pour que la plupart des mesures de
des incapacités qui auraient pu être évitées (avec l’absentéisme
prévention produisent leurs effets. Toutefois, dans le rapport sur
concomitant), d’améliorer le bien-être et le moral du personnel, et
le Projet Santé (Health Project), Fries et coll. (1993) font une
de maîtriser les coûts de l’assurance maladie à la charge de l’em-
synthèse des travaux de plus en plus nombreux confirmant l’effi-
ployeur en diminuant le montant des prestations de santé requi-
cacité des programmes de promotion de la santé sur les lieux de
ses. Ce sont des considérations similaires qui ont poussé les
travail pour la réduction des dépenses de santé. Dans sa revue
syndicats à parrainer de tels programmes, en particulier lorsque
initiale de plus de deux cents programmes de ce type, ledit projet,
leurs membres sont disséminés dans de nombreuses entreprises
qui réunit sur une base volontaire des personnalités du monde des
trop petites pour mettre sur pied par elles-mêmes des programmes
affaires, des assureurs du secteur de l’assurance maladie, des cher-
efficaces.
cheurs et des membres d’organismes gouvernementaux préconi-
Le lieu de travail présente des avantages uniques pour la pro-
sant la promotion de la santé en vue de réduire la demande et le
tection et la promotion de la santé: c’est là en effet que les
besoin de services de santé, en a trouvé huit qui ont de toute
travailleurs se rassemblent et passent la majeure partie de leur
évidence obtenu des résultats convaincants en matière de maîtrise
temps de veille, c’est là que l’on peut les atteindre le plus facile-
des dépenses de santé.
ment. Outre cette proximité physique, la camaraderie qui règne
Pelletier (1991) a regroupé vingt-quatre études de programmes
entre eux et la similitude de leurs intérêts et préoccupations facili-
complets mis en œuvre sur les lieux de travail, publiées dans des
tent une émulation propre à motiver puissamment leur participa-
journaux scientifiques entre 1980 et 1990 (les rapports portant sur
tion durable aux activités de promotion de la santé. La relative
des programmes à objectif unique, tels que ceux qui sont consa-
stabilité des effectifs � la plupart des travailleurs restent long-
crés à la détection de l’hypertension et à la lutte contre le taba-
temps dans la même entreprise � favorise le maintien à long
gisme, même s’ils ont été couronnés de succès, n’ont pas été inclus
terme de comportements sains, ce qui est nécessaire pour profiter
dans cette analyse). Il a défini le «programme complet» comme
de leurs bienfaits.
celui qui «assure un programme intégré et permanent de pro-
Voici les possibilités uniques qu’offre le lieu de travail pour
motion de la santé et de prévention des maladies, fusionnant
promouvoir la santé et le bien-être des travailleurs:
l’ensemble des composantes spécifiques (abandon du tabagisme,
� l’intégration du programme de protection et de promotion de gestion du stress, réduction des risques de coronaropathie, etc.) en
un programme permanent et cohérent qui soit en ligne avec les
la santé aux efforts déployés par l’entreprise pour prévenir les
objectifs de l’entreprise et qui englobe l’évaluation». Les vingt-
lésions professionnelles;
� la modification de l’organisation du travail et de son environne- quatre programmes résumés dans cette analyse ont tous permis
ment, de manière à le rendre moins dangereux et moins stres- une amélioration des pratiques de santé suivies par le personnel,
une réduction de l’absentéisme et des incapacités, ou des accrois-
sant;


VUE D’ENSEMBLE ENCYCLOPÉDIE DE SÉCURITÉ ET DE SANTÉ AU TRAVAIL
15.2 15.2
LES SOINS DE SANTÉ




� la tenue systématique de dossiers conservant la trace des activi-
sements du rendement, tandis que chacune des études analysant
l’impact sur les coûts liés aux soins médicaux et à l’incapacité, la tés, de la participation et des résultats, de façon à assurer le
rentabilité économique ou les variations du rapport coûts-avanta- suivi et une évaluation éventuelle;
� la compilation et l’analyse des données pertinentes disponibles,
ges a mis en évidence des effets positifs.
Deux ans plus tard, Pelletier a passé en revue vingt-quatre en principe aux fins d’une évaluation scientifique du pro-
autres études publiées entre 1991 et début 1993: vingt-trois d’en- gramme ou, à défaut, d’un rapport périodique destiné à la
tre elles faisaient état de résultats positifs en matière de santé et, à direction et justifiant l’allocation de ressources renouvelées, et
nouveau, toutes les études qui analysaient les effets sur la rentabi- pouvant servir de base à d’éventuelles modifications du pro-
lité économique ou le rapport coûts-avantages en soulignaient le gramme.
caractère positif (Pelletier, 1993). Il a noté que les facteurs com-
Les objectifs et la conception générale du programme
muns à tous les programmes couronnés de succès étaient les
suivants: définition de buts et objectifs spécifiques pour chaque Le programme vise essentiellement à maintenir et à améliorer la
programme; accès facile au programme et aux installations; mesu- santé physique et morale des salariés à tous les niveaux, à éviter
res d’incitation à la participation; respect et confidentialité; sou- les maladies et l’incapacité, ainsi qu’� alléger le fardeau pesant sur
tien de la direction; culture d’entreprise encourageant les efforts les personnes et sur l’entreprise lorsque maladies et incapacité ne
de promotion de la santé (Pelletier, 1991). peuvent être évitées.
Certes, il serait souhaitable d’avoir des preuves confirmant l’ef- Le programme de sécurité et de santé au travail est axé sur les
ficacité et l’intérêt des programmes de promotion de la santé sur facteurs qui, sur le poste et le lieu de travail, peuvent influer sur la
les lieux de travail, mais le fait est que l’on en a rarement exigé santé du personnel. Le programme de bien-être reconnaît que les
avant de lancer un programme. La plupart des programmes repo- préoccupations en matière de santé ne peuvent se limiter à l’usine
sent sur la conviction que la prévention est efficace. Dans certains ou au bureau, que les problèmes qui se posent sur le lieu de
cas, la mise en œuvre des programmes a été stimulée par l’intérêt travail affectent inévitablement la santé et le bien-être des salariés
manifesté par le personnel et, parfois, par le décès subit d’un (et, par voie de conséquence, de leur famille également), chez eux




PROMOTION DE LA SANTÉ
cadre supérieur ou d’un salarié titulaire d’un poste clé, suite à un et dans la collectivité, et que, tout aussi inévitablement, les problè-
cancer ou à une maladie cardiaque, avec l’espoir qu’un pro- mes qui surgissent en dehors du travail influent sur l’absentéisme




15. LA PROTECTION ET LA
gramme de prévention «empêcherait la foudre de frapper deux et les résultats professionnels (le terme bien-être peut être considéré
fois au même endroit». comme l’équivalent de l’expression promotion et protection de la santé,
et son emploi s’est répandu depuis une vingtaine d’années; il
La structure d’un programme complet résume la définition positive de la santé selon l’OMS). En effet, il
Dans maintes entreprises, et en particulier dans les plus petites, le est bon que le programme de promotion de la santé traite de
programme de prévention des maladies et de promotion de la problèmes qui, au dire de certains, ne doivent pas entrer dans les
santé consiste simplement en une ou plusieurs activités ponctuelles préoccupations de l’entreprise.
liées au mieux les unes aux autres de façon assez lâche, avec peu La nécessité d’assurer le bien-être présente d’autant plus d’acui-
ou pas de continuité et qui, bien souvent, sont inspirées par un té qu’il est reconnu que les travailleurs présentant une capacité
événement particulier et abandonnées sitôt que ledit événement diminuée, même acquise, peuvent se révéler potentiellement dan-
est sorti des mémoires. Un programme véritablement complet gereux pour leurs collègues et aussi, à certains postes, pour le
doit avoir une structure cohérente comprenant un certain nombre public.
d’éléments intégrés, et notamment: D’aucuns soutiennent que, comme la santé est fondamentale-
ment une question de responsabilité personnelle de l’individu,
� un énoncé clair des buts et objectifs approuvés par la direction l’intervention active des employeurs ou des syndicats (ou des
et acceptables pour le personnel; deux) dans ce domaine est inopportune et peut même constituer
� un soutien explicite de la direction générale et, le cas échéant, une intrusion dans la vie privée. Ils n’ont pas tort dans la mesure
des organisations syndicales intéressées, avec fourniture en per- où l’approche adoptée a un caractère trop paternaliste et coercitif.
Toutefois, des ajustements favorables à la santé apportés au poste
manence des moyens voulus pour atteindre les buts et objectifs
visés; et au lieu de travail, associés à un accès facilité à des activités elles
� une place appropriée dans l’entreprise, une coordination effi- aussi favorables à la santé, sensibilisent les salariés à ces problèmes
et leur donnent les connaissances et les instruments qui leur per-
cace avec les autres activités relatives à la santé et la diffusion
des plans du programme dans tous les départements et divi- mettent de mieux assumer leur responsabilité personnelle.
sions, jusqu’aux cadres moyens et aux simples salariés. Certai-
Les composantes du programme
nes entreprises ont jugé bon de créer une commission mixte
personnel-direction composée de représentants de tous les ni-
L’évaluation des besoins
veaux et divisions de la main-d’œuvre, cela à des fins «de
bonne politique» et pour contribuer à la mise au point du Un directeur de programme dynamique tirera parti d’un événe-
programme; ment particulier pour susciter un intérêt envers une activité spé-
� la désignation d’un «directeur de programme» possédant les ciale (par exemple, une personne très en vue dans l’entreprise
capacités administratives indispensables et bénéficiant égale- tombe inopinément malade; l’annonce de cas de maladies infec-
ment d’une formation et d’une expérience en matière de pro- tieuses laissant craindre des risques de contagion; les signes avant-
tection de la santé, ou qui puisse s’assurer la collaboration d’un coureurs d’une épidémie potentielle), mais un programme com-
consultant spécialisé; plet reposera sur une évaluation plus factuelle des besoins. Celle-
� un mécanisme permettant une information en retour de la part ci peut tout simplement consister à comparer les caractéristiques
des participants et, si possible, des non-participants, afin de démographiques de la main-d’œuvre aux données de morbidité et
confirmer la validité du programme tel qu’il est conçu, et de de mortalité publiées par les autorités chargées de la santé publi-
tester la popularité et l’utilité des différentes activités prévues que pour des cohortes démographiques identiques dans la région,
dans le programme; ou à envisager l’ensemble des analyses de données sur la santé
� des procédures garantissant la confidentialité des informations relatives à l’entreprise, par exemple les demandes de rembourse-
personnelles; ment au titre de l’assurance maladie et les motifs signalés d’absen-


ENCYCLOPÉDIE DE SÉCURITÉ ET DE SANTÉ AU TRAVAIL VUE D’ENSEMBLE 15.3
15.3
LES SOINS DE SANTÉ




téisme et de départ pour cause d’incapacité. La détermination de médicaux rapides et de haute qualité; gestion des problèmes de
l’état de santé du personnel par la compilation des résultats des santé chroniques ou récurrents; rééducation et reprise du tra-
opérations de dépistage, des examens médicaux périodiques et des vail à la suite d’une maladie ou d’un accident; traitement con-
programmes d’évaluation des risques peut être complétée par des tre l’abus d’alcool et de drogue; soins prénatals, etc.
� Traitement des problèmes personnels: les capacités à développer en
enquêtes sur les intérêts et préoccupations des salariés en matière
de santé, afin de préciser les objectifs essentiels du programme. (Il la matière englobent, par exemple, la gestion du stress, la
ne faut pas oublier que les problèmes de santé touchant certaines préparation des départs à la retraite et l’aide à la recherche
cohortes du personnel qui méritent attention risquent d’être oc- d’un nouvel emploi. Une assistance peut également être four-
cultés si l’on se fie uniquement aux données concernant la totalité nie aux salariés qui doivent faire face à des problèmes profes-
du personnel.) De telles évaluations des besoins sont utiles non sionnels et familiaux, tels que la planification familiale, les
seulement pour préciser certaines activités du programme et leur soins prénatals, les soins aux personnes à charge, les problè-
conférer la priorité, mais aussi pour les faire accepter des salariés mes parentaux, etc.
� Aménagement des lieux de travail: divers aménagements peuvent
les plus susceptibles de les trouver bénéfiques. Elles fournissent
également un étalon pour mesurer l’efficacité du programme. venir compléter ceux qui sont déjà associés aux activités liées à
la sécurité et à la santé des travailleurs, parmi lesquels des
installations sanitaires et des vestiaires, un service de blanchisse-
Les éléments du programme
rie si besoin est, des services de restauration proposant des
Tout programme complet de promotion de la santé et de préven-
conseils en nutrition et un choix d’aliments appropriés, et la
tion des maladies comporte un certain nombre d’éléments, dont:
garantie d’un milieu de travail exempt de tabagisme et de
drogue, entre autres.
La promotion du programme
Une diffusion permanente de documents promotionnels, tels que D’une manière générale, à mesure que les programmes se déve-
prospectus, notes internes, affiches, brochures, articles dans les loppent et que l’on prend conscience de leur efficacité, les activités
journaux d’entreprise, etc., servira à appeler l’attention sur la croissent en nombre et en diversité. Toutefois, certaines ont vu
leur importance atténuée, soit que les moyens qui leur étaient
possibilité et l’opportunité d’une participation au programme. On
pourra mettre en lumière les succès obtenus par certains salariés consacrés aient été réduits en raison de pressions financières, soit
que les ressources aient été réaffectées à des domaines nouveaux
qui ont atteint les objectifs, ainsi que les récompenses qui leur
ou plus populaires.
auront été décernées, cela naturellement avec leur permission.

L’évaluation de l’état de santé Les moyens
Chaque fois que possible, l’état de santé de tout salarié doit être Les moyens employés dans les activités de promotion de la santé
évalué dès le moment où il participe au programme, afin d’avoir sont déterminés par la taille et l’emplacement de l’entreprise, le
une base pour la définition des objectifs individuels à atteindre et degré de centralisation du personnel sur le plan géographique et
les horaires de travail; les ressources disponibles, qu’il s’agisse de
des activités spécifiques indiquées, puis, périodiquement, afin
d’évaluer les progrès réalisés et l’évolution de son état de santé. budget, de technologie ou de compétences; les caractéristiques du
personnel (niveau d’instruction et niveau social); l’ingéniosité du
L’évaluation des risques pour la santé peut être mise à profit avec
directeur du programme. On distingue:
ou sans bilan médical aussi approfondi que possible selon les
circonstances et complété par des examens de laboratoire et des
� La collecte d’informations: enquêtes auprès du personnel; groupes
diagnostics. Des programmes de dépistage peuvent servir à identi-
de réflexion.
fier les personnes pour lesquelles des activités spécifiques sont
� Les documents imprimés: livres; dépliants (ceux-ci peuvent être
indiquées.
distribués ou exposés sur des présentoirs mis à la disposition des
intéressés); prospectus dans les enveloppes de salaire; articles
Les activités
dans les journaux d’entreprise; affiches.
Il existe une longue liste d’activités qui peuvent être organisées
� Les documents audiovisuels: cassettes audio; messages enregistrés
dans le cadre du programme. Certaines sont permanentes, d’au-
accessibles par téléphone; films; vidéos à visionner individuelle-
tres périodiques. Certaines visent l’individu ou des catégories de
ment ou en groupe. Certaines entreprises se sont dotées de
salariés, d’autres s’adressent à la totalité du personnel. La préven-
vidéothèques et d’audiothèques où le personnel peut emprunter
tion des maladies et de l’incapacité constitue le lien commun à
des cassettes.
toutes ces activités. Elles peuvent être réparties en diverses catégo-
� Les services de santé professionnels: examens médicaux; diagnostics
ries qui d’ailleurs se chevauchent:
et tests de laboratoire; vaccinations; conseils personnalisés.
� La formation: secourisme; réanimation cardio-pulmonaire; ali-
� Prestations cliniques: elles nécessitent des professionnels de la santé
ments et cuisine sains.
et regroupent: les examens médicaux; les programmes de dépis-
� Les réunions: exposés; cours; ateliers.
tage; les procédures de diagnostic telles que la mammographie,
� Les manifestations spéciales: expositions sur la santé; concours.
les frottis, les recherches de cholestérol; les vaccinations, etc.
� Les groupes d’auto-assistance et de soutien: abus d’alcool et de dro-
Elles englobent également les conseils et la modification du
comportement en relation avec le poids, la forme physique, le gues; cancer du sein; problèmes parentaux; soins aux personnes
tabagisme et autres facteurs touchant à l’hygiène de vie. âgées.
� Les comités: la mise en place d’un groupe de travail ou d’un
� Education sanitaire: elle est destinée à sensibiliser les intéressés aux
comité interne destiné à coordonner les programmes de santé
maladies potentielles, à l’importance d’un contrôle des facteurs
entre les différents départements et divisions, et d’une commis-
de risque et à l’intérêt du maintien d’une bonne hygiène de vie,
sion mixte personnel-direction chargée de la conduite globale
par exemple par la maîtrise du poids, la pratique de l’exercice
du programme est souvent utile. Il peut également y avoir des
physique et l’abandon du tabagisme. Cette éducation doit éga-
comités spéciaux axés sur des activités particulières.
lement permettre d’envisager des interventions appropriées.
� Conseils pour la gestion des soins médicaux: des conseils doivent être � Les programmes sportifs: sport dans l’entreprise; encouragement de
la participation individuelle à des programmes communautai-
donnés pour répondre aux préoccupations suivantes: rapports
avec le système de protection de la santé et fourniture de soins res; équipes sportives.


VUE D’ENSEMBLE ENCYCLOPÉDIE DE SÉCURITÉ ET DE SANTÉ AU TRAVAIL
15.4 15.4
LES SOINS DE SANTÉ




� Les logiciels informatiques: disponibles pour consultation sur ordi-
Figure 15.1 � Les différents résultats de la promotion
nateur personnel, ou accessibles par le réseau de l’entreprise;
de la santé
jeux vidéo sur ordinateur ou console axés sur la promotion de
la santé.
� Les programmes de dépistage: programmes généraux (estimation des RÉSULTATS COGNITIFS/ÉMOTIONNELS
� Connaissances
risques pour la santé) ou spécifiques (hypertension; vue et audi-
� Motivation
tion; cancer; diabète; cholestérol).
� Information et consultation: programmes d’aide aux salariés; servi- � Bien-être
� Efficacité personnelle
ces téléphoniques pour questions et conseils personnels.
� Les activités permanentes: mise en forme physique; choix d’aliments � Estime de soi
sains dans les services de restauration et les distributeurs du lieu
de travail.
COMPORTEMENT
� Les avantages spéciaux: temps libre pour les activités de promotion
� Immédiat (0 à 3 mois)
de la santé; remboursement des frais d’études; horaires de tra-
� A court terme (3 à 6 mois)
vail aménagés; congés accordés pour des besoins personnels ou
� A long terme (6 à 8 mois)
familiaux particuliers.
� Les mesures incitatives: récompenses pour la participation ou la
réalisation des objectifs; mentions élogieuses dans les journaux EFFETS PHYSIOLOGIQUES
d’entreprise ou sur les panneaux d’affichage; concours et prix. � Analyse sanguine
� Mesures anthropométriques
La mise en œuvre du programme � Fonction cardiaque
Dans de nombreuses entreprises, et en particulier les plus petites, � Affections physiques
les activités de promotion de la santé sont menées au coup par




PROMOTION DE LA SANTÉ
coup, un peu au hasard, et souvent pour répondre à des situations
RÉSULTATS FINANCIERS
critiques réelles ou menaçant le personnel ou la collectivité. Tou-




15. LA PROTECTION ET LA
� Utilisation des prestations médicales
tefois, dans les grandes entreprises, elles sont souvent regroupées
(hospitalisation, soins ambulatoires,
après un certain temps dans un cadre plus ou moins cohérent,
selon diagnostic, etc.)
que l’on appelle «programme», et confiées à la responsabilité
� Frais médicaux (totaux, soins ambulatoires,
d’une personne désignée comme directeur ou coordonnateur du
selon diagnostic, etc.)
programme.
� Absences
Le choix des activités du programme peut être dicté par les
� Incapacité (demandes, frais)
résultats d’enquêtes sur les intérêts du personnel, par des événe-
ments ponctuels, par le calendrier ou par l’adéquation des
moyens disponibles. Nombreux sont les programmes qui organi- ÉTAT DE SANTÉ
sent leurs activités de manière à tirer parti de la publicité faite par � Qualité de vie
les organismes de santé bénévoles lors de leurs campagnes annuel- � Morbidité
les de collecte de fonds, par exemple, le Mois du cœur (Hearth � Mortalité
Month), ou la Semaine nationale de la forme et du sport (National
Source: Anderson et O'Donnell, 1994.
Fitness and Sports Week) (tous les ans au mois de septembre aux
Etats-Unis, le Centre national d’information sur la santé de l’Of-
fice de la prévention des maladies et de la protection de la santé
(National Health Information Center in the Office of Disease la collectivité, encourage les salariés à participer en diversifiant les
Prevention and Health Protection) publie National Health Observ- centres d’intérêt et offre la possibilité de revoir et de compléter le
ances, liste des mois, semaines et jours consacrés à un aspect programme en fonction des progrès médicaux et scientifiques.
particulier de la santé; on peut désormais se procurer cette liste
L’évaluation du programme
par courrier électronique).
On s’accorde en général à penser qu’il est prudent de réaliser le Il est toujours souhaitable d’évaluer le programme à la fois pour
programme de manière progressive, en y ajoutant activités et justifier l’allocation de ressources et pour déterminer les améliora-
thèmes à mesure qu’il gagne en crédibilité et en popularité auprès tions nécessaires et soutenir les recommandations préconisant son
du personnel, et de varier les sujets sur lesquels on insistera parti- extension. L’évaluation peut aller d’un simple tableau de la parti-
culièrement, afin que l’initiative ne perde pas de son intérêt. La cipation (y compris les abandons) associé à l’expression de la
grande société financière de New York, J. P. Morgan and Co., satisfaction du personnel (sollicitée et non sollicitée), à des enquê-
Inc., a introduit un sous-programme «cyclique et novateur» dans tes plus systématiques. Les données obtenues par tous ces moyens
son programme de promotion de la santé qui met l’accent succes- démontreront le degré d’application et la popularité du pro-
sivement sur des thèmes choisis pour une période de quatre ans gramme dans son ensemble et de ses différents éléments; elles sont
(Schneider, Stewart et Haughey, 1989). La première année (l’An- en général disponibles dès la fin de la période d’évaluation.
née du cœur) est consacrée à la prévention des maladies cardio- Toutefois, les données reflétant les résultats du programme sont
vasculaires; la deuxième (l’Année du corps) est consacrée à la encore plus intéressantes. Dans un article montrant comment
détection précoce et à la prévention du sida et du cancer; la perfectionner l’évaluation des programmes de promotion de la
troisième (l’Année de l’esprit) traite des aspects psychologiques et santé, Anderson et O’Donnell (1994) proposent une classification
sociaux; la quatrième (l’Année de la bonne santé) s’attache à des des domaines dans lesquels lesdits programmes peuvent produire
sujets aussi importants que la vaccination des adultes, l’arthrite et des résultats significatifs (voir figure 15.1).
l’ostéoporose, la prévention des accidents, le diabète et la santé Néanmoins, l’évaluation des résultats nécessite un effort planifié
pendant la grossesse. Le cycle terminé, on recommence. Cette avant même le début du programme et doit porter sur une pé-
approche, ainsi que l’affirment Schneider et ses coauteurs, per- riode suffisante pour être véritablement utile. Par exemple, on
met de renforcer les moyens fournis tant par l’entreprise que par peut compter le nombre de personnes qui ont été vaccinées contre


ENCYCLOPÉDIE DE SÉCURITÉ ET DE SANTÉ AU TRAVAIL VUE D’ENSEMBLE 15.5
15.5
LES SOINS DE SANTÉ




la grippe et, ensuite, effectuer un suivi de la population totale tage besoin d’être encouragés à participer que leurs collègues plus
pendant un an afin de démontrer que les personnes vaccinées ont jeunes.
moins souffert d’infections respiratoires de type grippal que celles
La discrimination
qui ont refusé la vaccination. L’étude peut être élargie de manière
à corréler les taux d’absentéisme des deux groupes et à comparer Dans certains domaines, les lois et règlements antidiscriminatoires
les coûts du programme avec les économies directes et indirectes peuvent exposer l’entreprise à des plaintes, voire à des litiges, si
réalisées par l’entreprise. l’on peut démontrer que le programme de promotion de la santé
Par ailleurs, il est aisé de démontrer que tel ou tel individu a a entraîné une discrimination vis-à-vis de certaines personnes sur
amélioré son profil de risque vis-à-vis des maladies cardio-vascu- la base de l’âge, du sexe ou de l’appartenance à des minorités ou à
laires, par exemple. En revanche, il faudra sans doute plusieurs des groupes ethniques. Il est peu probable que cela se produise, à
dizaines d’années pour mettre en évidence une réduction de la moins que la culture d’entreprise ne présente une orientation plus
morbidité et de la mortalité par coronaropathie dans une cohorte insidieuse, mais une discrimination dans le cadre du programme
de travailleurs. Même alors, la taille de la cohorte en question de promotion de la santé peut effectivement être à l’origine de
peut ne pas être suffisante pour rendre les données significatives. plaintes.
Les articles cités précédemment démontrent qu’il est possible Même si des accusations formelles de cet ordre ne sont pas
de réaliser de bonnes évaluations et que de telles enquêtes sont de proférées, le ressentiment et l’insatisfaction, qui peuvent prendre
plus en plus fréquentes et publiées. Leur intérêt ne fait pas de des proportions d’autant plus importantes qu’ils se communi-
doute. Néanmoins, ainsi que l’indiquent Freis et ses coauteurs quent de bouche à oreille parmi le personnel, ne favorisent ni les
(1993), «il existe déjà des modèles de programmes qui améliorent bonnes relations sociales, ni le moral des salariés en général.
le niveau de santé et réduisent les coûts. Ce ne sont pas les Il peut arriver aussi que l’on exagère les préoccupations engen-
connaissances qui manquent, c’est la mise en œuvre de tels pro- drées par des allégations de discrimination selon le sexe. Par
grammes sur des sites de plus en plus nombreux qui fait défaut». exemple, et même si cela est déconseillé comme mesure de rou-
tine chez les hommes ne présentant pas de symptômes (Preventive
Observations et mises en garde Services Task Force, 1989), certaines entreprises proposent un
Les entreprises qui envisagent le lancement d’un programme de dépistage du cancer de la prostate à titre de compensation pour
promotion de la santé doivent être attentives à certains points les frottis vaginaux et les mammographies pratiqués sur le person-
d’éthique sensibles dont il faut tenir compte, ainsi qu’� un certain nel féminin.
nombre de traquenards à éviter, dont quelques-uns ont déjà été Les plaintes pour discrimination viennent de personnes qui se
évoqués. On peut les regrouper sous les titres suivants: sont vu refuser certaines primes pour cause de problèmes de santé
congénitaux ou de maladies acquises qui les empêchent de parti-
L’élitisme contre l’égalitarisme ciper aux activités de promotion de la santé ou d’atteindre le
Un certain nombre de programmes présentent un caractère éli- niveau idéal en matière de santé individuelle. En même temps, on
tiste: quelques-unes de leurs activités sont en effet limitées à des peut voir un problème d’équité lorsqu’on récompense certaines
personnes parce qu’elles corrigent un problème de santé potentiel
personnes ayant atteint un rang donné. Ainsi, une salle de remise
en forme dans une entreprise peut n’être accessible qu’aux seuls (par exemple, en arrêtant de fumer ou en perdant un excès de
poids), tout en refusant ces mêmes récompenses à celles qui ne
cadres sous prétexte qu’ils sont plus importants pour l’entreprise,
que leurs horaires de travail sont plus longs, et qu’il leur est souffrent pas de tels problèmes.
difficile de se libérer pour se rendre dans un club de mise en
Le rejet de la faute sur la victime
forme extérieur. Or, pour certains, cela peut ressembler à un
«passe-droit», à l’instar de la clé de toilettes privées, de l’admission Du concept judicieux qui veut que l’état de santé soit une affaire
au restaurant gratuit des cadres et du droit à une place de parking de responsabilité personnelle découle la notion selon laquelle les
préférentielle. De tels privilèges peuvent susciter un certain ressen- individus sont fautifs s’ils ont des problèmes de santé et qu’ils
timent chez le travailleur de base qui trouvera trop cher de doivent être reconnus coupables de n’y avoir pas remédié par
fréquenter une salle de sport publique et à qui l’on ne permettra eux-mêmes. Ce type de raisonnement ne tient pas compte du fait
pas de prendre du temps sur sa journée de travail pour faire de que la recherche génétique démontre de plus en plus souvent que
l’exercice. certains problèmes sont héréditaires et que, par conséquent,
On constate une forme d’élitisme plus subtile dans certaines même s’ils peuvent parfois être corrigés, ils ne peuvent être pleine-
salles de gymnastique d’entreprise dont le quota de membres est ment réglés par les personnes affectées.
entièrement constitué de «fanatiques de l’exercice» qui auraient On peut citer en exemples de ce «rejet de la faute sur la
probablement trouvé le moyen d’en faire de toute façon. Or, ceux victime», a) l’attitude trop fréquente selon laquelle l’infection par
qui effectuent un travail sédentaire et pourraient tirer un bien plus le virus du sida n’est qu’une juste punition des «aberrations»
grand parti d’un exercice physique régulier sous contrôle se voient sexuelles ou de l’injection de drogue par voie intraveineuse, ses
refuser l’entrée. Et même lorsqu’ils parviennent enfin à participer victimes ne méritant par conséquent ni compassion ni soins; b)
au programme de mise en forme, ils sont bien souvent découragés l’imposition de barrières financières et bureaucratiques rendant
de poursuivre, embarrassés qu’ils sont par leurs piètres perfor- difficile aux jeunes femmes célibataires de bénéficier de soins
mances comparées à celles de collègues de rang inférieur. Cela est prénatals adéquats quand elles deviennent enceintes.
tout particulièrement vrai du cadre qui se trouve blessé dans sa Plus important encore, le fait d’insister dans le cadre profes-
fierté de mâle lorsqu’il découvre qu’il ne peut atteindre le niveau sionnel sur la responsabilité de chacun vis-à-vis de ses problèmes
de performance de sa propre secrétaire. de santé tend à atténuer la responsabilité de l’employeur quant
Certaines entreprises sont plus égalitaristes. Leurs salles de aux facteurs liés à l’organisation et au milieu de travail qui
sport sont ouvertes à tous sur la base du «premier arrivé, premier peuvent présenter un danger pour la santé et le bien-être du
servi», le titre de membre permanent n’étant accessible qu’� ceux personnel. L’exemple le plus classique est peut-être celui de
qui les fréquentent assidûment. D’autres encore adoptent le l’entreprise qui propose des cours de gestion du stress afin d’en-
moyen terme en réservant certaines cartes de membre aux salariés seigner à ses salariés à mieux y faire face, mais qui ne se préoc-
qui sont en rééducation à la suite d’une maladie ou d’un accident, cupe nullement de ce qui, sur le lieu de travail, engendre un
ou aux membres plus âgés du personnel qui ont peut-être davan- stress inutile.


VUE D’ENSEMBLE ENCYCLOPÉDIE DE SÉCURITÉ ET DE SANTÉ AU TRAVAIL
15.6 15.6
LES SOINS DE SANTÉ




Il faut impérativement reconnaître que les dangers présents sur drogue ou de l’alcool ou qu’il ne portait pas sa ceinture de
le lieu de travail peuvent non seulement affecter les travailleurs et, sécurité, ou, dans un accident de moto, s’il ne portait pas son
par extension, leur famille, mais aussi précipiter et aggraver les casque.
problèmes de santé personnels d’origine autre que professionnelle.
Tout en retenant le concept de la responsabilité individuelle en Une forme de coercition très en vogue est celle de la «menace
matière de santé, il faut l’équilibrer par le fait que les facteurs liés sur l’emploi» pour les salariés chez qui l’abus d’alcool ou de
au milieu de travail, dont l’employeur est responsable, peuvent drogues a entraîné des absences ou influé négativement sur leurs
également influer sur la santé. Cette considération met en lumière résultats professionnels. Dans ce cas, l’employé est confronté au
toute l’importance de la communication et de la coordination problème et on le prévient que les mesures disciplinaires seront
entre le programme de promotion de la santé et les programmes suspendues s’il observe le traitement prescrit et continue à faire
de sécurité et de santé de l’employeur et les autres programmes preuve d’abstinence. Une possibilité de rechute est prévue (dans
axés sur la santé, notamment lorsqu’ils ne se situent pas dans la certaines entreprises, elle est limitée à un nombre précis de cas), et
même case de l’organigramme. tout manquement à observer le traitement est synonyme de licen-
ciement. L’expérience a amplement démontré que la menace de
La persuasion plutôt que la coercition la perte d’emploi, considérée par certains comme le plus puissant
L’un des principes cardinaux des programmes de promotion de la facteur de stress rencontré dans le cadre du travail, constitue une
santé sur le lieu de travail est le caractère volontaire de la participa- motivation efficace pour un grand nombre de personnes souffrant
tion. Les salariés doivent être convaincus de l’opportunité des de tels problèmes, qui acceptent alors de prendre part à un
interventions suggérées, il faut leur y donner accès et les persuader programme de mesures correctives.
d’y participer. Toutefois, la marge est souvent étroite entre la
La confidentialité des informations
persuasion enthousiaste et la contrainte, entre le paternalisme bien
et le respect de la vie privée
intentionné et la coercition. Dans de nombreux cas, la coercition
peut être plus ou moins subtile: ainsi, certains professionnels de la Une autre condition nécessaire au succès d’un programme de




PROMOTION DE LA SANTÉ
promotion de la santé ont tendance à se montrer trop autoritaires; promotion de la santé est que les informations personnelles con-
les salariés peuvent craindre de se sentir gênés, de souffrir d’ostra- cernant les employés participants � et les non-participants égale-




15. LA PROTECTION ET LA
cisme, voire d’être pénalisés s’ils rejettent les conseils qui leur sont ment � restent confidentielles et, en particulier, ne figurent pas
donnés; les choix offerts à un travailleur quant aux activités de dans les dossiers individuels. Afin de préserver le caractère privé
promotion de la santé recommandées sont parfois trop limités; de ces informations lorsqu’on en a besoin pour dresser des ta-
enfin, certains cadres peuvent se montrer désagréables envers leurs bleaux et procéder à des évaluations, certaines entreprises ont
subalternes s’ils ne se joignent pas à eux dans leur activité favorite, constitué des bases de données dans lesquelles chaque employé est
comme la course à pied de très bon matin. identifié par un numéro de code ou d’une autre manière. Une
Si de nombreuses entreprises offrent des récompenses pour un telle méthode convient tout particulièrement aux opérations de
comportement sain, par exemple des témoignages de satisfaction, dépistage de masse et aux examens de laboratoire, où il peut
des prix et une assurance maladie «indexée sur le risque» (assor- arriver que des erreurs administratives soient commises.
tie, aux Etats Unis, d’une réduction sur la part des primes à la
Qui participe?
charge du salarié), un petit nombre d’autres imposent des sanc-
tions à ceux qui ne se conforment pas à leurs normes arbitraires Certains critiquent les programmes de promotion de la santé du
en la matière. Ces sanctions peuvent aller du refus d’emploi ou du fait que ceux qui y participent sont généralement plus jeunes, plus
frein à l’avancement, au licenciement ou au non-octroi d’avanta- sains et plus soucieux de leur santé que ceux qui n’y participent
ges auxquels l’employé aurait normalement droit. Un exemple pas (ce qui revient à porter de l’eau à la rivière). Cette réalité pose
d’entreprise américaine appliquant des sanctions est la firme E.A. à ceux qui conçoivent et mettent en œuvre les programmes le défi
Miller, conserverie de viande sise à Hyrum, (Utah), ville de 4 000 d’intéresser les personnes qui ont le plus à gagner à une participa-
habitants située à quelque 60 km au nord de Salt Lake City tion.
(Mandelker, 1994). E.A. Miller est le plus gros employeur de cette
Qui paie?
petite agglomération et couvre les frais d’assurance maladie de ses
900 salariés et de leurs 2 300 conjoints, enfants et autres person- Les programmes de promotion de la santé entraînent des frais pour
nes à charge. Ses activités de promotion de la santé sont classiques l’entreprise. On peut les exprimer en termes de dépenses nécessai-
à maints égards, mais il y a des sanctions en cas de non-participa- res à l’acquisition de services et de matériels, de temps pris sur les
tion: heures de travail, d’absence des participants et de la gestion et de
l’administration. Ainsi que nous l’avons noté précédemment, il est
� Les salariés et leurs conjoints qui ne sont pas présents aux de plus en plus manifeste que ces débours sont plus que compensés
séminaires prénatals ne sont pas remboursés des frais liés aux par la réduction des frais de personnel et par l’amélioration du
soins d’obstétrique ou à ceux donnés au nourrisson à l’hôpital. rendement. Il y a également d’autres avantages moins tangibles,
En outre, pour avoir droit aux prestations de l’assurance, la tels que l’amélioration de l’image de l’entreprise sur le plan des
femme enceinte doit passer une visite chez un médecin au relations publiques et de sa réputation en tant qu’endroit où il est
cours du premier trimestre. agréable de travailler, ce qui facilite ses efforts de recrutement.
� Si des salariés ou des membres de leur famille fument, leur La plupart du temps, l’entreprise prend à sa charge la totalité
contribution aux primes de la police d’assurance maladie col- des coûts liés au programme. Parfois, en particulier lorsqu’une
lective est plus que doublée: 66 dollars par mois au lieu de 30. activité se déroule à l’extérieur dans des installations de la collecti-
L’interdiction de fumer est de règle à l’usine depuis 1991, et la vité, il est demandé aux participants de payer une partie des frais.
société propose des cours sur place aux salariés qui souhaitent En revanche, certaines entreprises remboursent à l’employé tout
cesser de fumer, ou leur paie ces cours s’ils les suivent en dehors ou partie de sa contribution s’il termine son programme ou stage
de l’entreprise. avec succès.
� La société ne prend pas en charge les frais médicaux si un Nombreuses sont les polices d’assurance maladie collectives qui
salarié couvert, ou une personne à sa charge, a été blessé dans couvrent les prestations préventives dispensées par les profession-
un accident de voiture alors qu’il conduisait sous l’emprise de la nels de la santé, notamment les vaccinations, les examens médi-


ENCYCLOPÉDIE DE SÉCURITÉ ET DE SANTÉ AU TRAVAIL VUE D’ENSEMBLE 15.7
15.7
LES SOINS DE SANTÉ




caux, les tests et les procédures de dépistage. Cette couverture par psychosociaux inhérents au travail, il faut compléter cette démar-
l’assurance pose toutefois certains problèmes: elle peut en accroî- che par des activités de promotion de la santé destinées à lutter
tre le coût, et la part non remboursable des honoraires et paie- contre les facteurs de stress personnels les plus susceptibles d’affec-
ments conjoints déductibles exigée en général peut constituer un ter les résultats professionnels.
réel obstacle pour les travailleurs à bas salaires. En dernière ana-
L’accès aux soins
lyse, il peut se révéler moins coûteux pour les employeurs de
financer directement les services de prévention en évitant ainsi les Sujet digne d’attention en soi, une formation permettant de se
frais administratifs de traitement des demandes d’assurance et de retrouver dans le système d’accès aux soins devrait être dispensée
remboursement. dans le cadre du programme; on tiendra compte également des
besoins futurs en matière de prestations de santé. Cela commen-
Les conflits d’intérêts cera par ce qu’il faut faire soi-même � savoir comment agir lors
Si la plupart des professionnels de la santé font preuve d’une de l’apparition de signes et de symptômes, se rendre compte de la
intégrité exemplaire, il faut impérativement exercer une grande nécessité de recourir à des services professionnels � pour finir par
vigilance afin d’identifier ceux pour qui ce n’est pas le cas, et agir le choix d’un spécialiste qualifié ou d’un hôpital. Il faut également
en conséquence. On citera l’exemple de ceux qui falsifient les apprendre aux salariés à distinguer les bons soins des mauvais et
dossiers pour mettre leurs efforts en valeur et ceux qui sont en les sensibiliser aux droits des patients.
relation avec un prestataire extérieur de services qui leur donne Pour faire économiser du temps et de l’argent aux salariés,
des dessous-de-table pour les personnes qui lui sont adressées. Il certains services médicaux d’entreprise offrent sur place des pres-
convient aussi de surveiller l’action des fournisseurs extérieurs de tations de santé plus ou moins complètes (qui vont souvent jus-
prestations afin d’identifier ceux qui soumissionnent volontaire- qu’aux radiographies, analyses de laboratoire et autres procédures
ment trop bas pour emporter le marché et qui, par la suite, pour de diagnostic) et transmettent les résultats aux médecins traitants.
économiser de l’argent, font appel à un personnel insuffisamment D’autres ont une liste de médecins qualifiés, de dentistes et de
qualifié pour assurer leurs services. professionnels de la santé à qui les salariés eux-mêmes, et parfois
Il existe un conflit d’intérêts encore plus subtil lorsque des les membres de leur famille, peuvent s’adresser. La possibilité de
membres du personnel d’encadrement et des fournisseurs détour- s’absenter du travail pour se rendre chez le médecin est une aide
nent les besoins et les intérêts des salariés au profit des buts de appréciable lorsque l’accès aux prestations de santé est impossible
l’entreprise ou des projets de ses dirigeants. Ce type d’action en dehors des horaires de travail.
répréhensible peut être occulte. Cela consisterait, par exemple, à Aux Etats-Unis, même en bénéficiant d’un bon programme
orienter des salariés souffrant de troubles vers un programme de d’assurance maladie collectif, les salariés à faible revenu et leur
gestion du stress sans trop faire d’efforts pour persuader l’entre- famille peuvent trouver que les parts déductibles et coassurées des
prise de réduire les niveaux de stress anormalement élevés sur le charges couvertes font obstacle à l’obtention des prestations de
lieu de travail. Les professionnels expérimentés n’auront aucun santé, sauf en cas d’absolue nécessité. Certains employeurs les
mal à servir convenablement les intérêts du personnel aussi bien aident à surmonter ces obstacles en les exemptant de ces paie-
que ceux de l’entreprise, mais ils doivent être prêts à faire face à ments ou en concluant des arrangements spéciaux avec leurs
des situations dans lesquelles les valeurs éthiques sont plus con- fournisseurs de soins médicaux.
sciencieusement respectées chaque fois que l’encadrement exerce
Le climat du lieu de travail
des pressions abusives.
On assiste à un autre conflit subtil risquant d’affecter les salariés Les programmes de promotion de la santé sur le lieu de travail
lorsqu’une relation de compétition, plutôt que de coordination et sont présentés souvent de façon explicite, comme l’expression du
de collaboration, se développe entre le programme de promotion souci que l’employeur a de la santé et du bien-être de son person-
de la santé et d’autres activités sur le même thème dans l’entre- nel. Or, ce message est contredit lorsque l’employeur demeure
prise. Un tel état de choses n’est pas si rare lorsque ces pro- sourd aux plaintes des salariés concernant les conditions de travail
grammes dépendent de secteurs différents de l’organigramme et et ne fait rien pour les améliorer. Les salariés ne seront pas enclins
sont placés sous l’autorité de hiérarchies différentes. Comme nous à accepter ou à participer à des programmes s’ils sont proposés
l’avons relevé, il est essentiel que, même s’il fait partie de la même dans de telles conditions ou dans des périodes de conflit avec la
entité, le programme de promotion de la santé ne fonctionne pas direction.
aux dépens du programme de sécurité et de santé des travailleurs.
La diversité de la main-d’œuvre
Le stress Le programme de promotion de la santé doit tenir compte de la
Le stress est probablement la menace pour la santé la plus insi- diversité qui caractérise de plus en plus la main-d’œuvre actuelle.
dieuse que l’on rencontre tant au travail qu’en dehors de celui-ci. Les différences touchant à l’origine ethnique et au niveau culturel,
A l’occasion d’une étude générale patronnée par la St. Paul Fire au niveau d’instruction, à l’âge et au sexe doivent être prises en
and Marine Insurance Company et portant sur près de 28 000 considération dans le contenu et la présentation des activités de
salariés de 215 entreprises américaines de diverses branches d’ac- promotion de la santé.
tivité, Kohler et Kamp (1992) ont constaté que le stress profes-
Conclusion
sionnel était étroitement lié aux problèmes de santé et de résultats
de l’employé. Ils ont également découvert que, parmi les problè- Il ressort clairement de tout ce qui précède que le programme de
mes de la vie privée, ce sont ceux qui sont engendrés par le travail promotion de la santé sur le lieu de travail représente une exten-
qui ont le plus de poids, et qu’ils prennent plus d’importance que sion du programme de sécurité et de santé qui, lorsqu’il est conve-
les problèmes purement personnels comme ceux d’ordre familial, nablement conçu et mis en œuvre, peut être bénéfique pour le
juridique ou financier. Il en résulte, estiment-ils, que «certains salarié à titre individuel, pour le personnel dans son ensemble et
travailleurs se trouvent pris dans un cercle vicieux de problèmes pour l’entreprise. En outre, ce peut être également une force
professionnels et familiaux � les problèmes du travail engendrent propice à un progrès social dans la collectivité.
des problèmes à la maison, qui à leur tour sont ramenés au Depuis quelques décennies, les programmes de promotion de la
travail, et ainsi de suite». En conséquence, si l’attention doit être santé sur le lieu de travail ont crû en nombre et en ampleur, dans
principalement consacrée à une maîtrise des facteurs de risque les petites et moyennes entreprises, mais aussi dans les grandes,


VUE D’ENSEMBLE ENCYCLOPÉDIE DE SÉCURITÉ ET DE SANTÉ AU TRAVAIL
15.8 15.8
LES SOINS DE SANTÉ




ainsi que dans les secteurs privé, bénévole et public. Comme le relatifs à la santé. Dans les branches où les travailleurs sont syndi-
démontre l’éventail des articles contenus dans le présent chapitre, qués, en particulier celles où ils sont dispersés sur de nombreux
ils ont également évolué dans leur portée, passant de la simple lieux de travail trop petits pour qu’il soit possible d’y implanter un
fourniture directe de soins de santé, par exemple, avec examens programme, les activités de promotion de la santé peuvent être
médicaux et vaccinations, à une participation aux problèmes per- conçues et mises en œuvre par l’organisation syndicale. Bien que
sonnels et familiaux dont le lien avec le travail peut sembler plus le parrainage par les employeurs ou les syndicats des programmes
ténu. Il convient de se laisser guider dans le choix des éléments et d’éducation et de conseil en matière de santé implique générale-
activités du programme par les caractéristiques particulières du ment qu’ils soient proposés sur le lieu de travail, ils peuvent aussi
personnel, de l’entreprise et de la collectivité, en gardant à l’esprit se dérouler en tout ou en partie dans des locaux publics gérés par
le fait que certains d’entre eux ne conviendront qu’� des catégo- le gouvernement ou par des associations à but lucratif ou non.
ries déterminées de salariés et non au personnel dans son ensem- Le financement doit nécessairement être complété par un enga-
ble. gement de l’employeur, exprimé tant par la direction que par
Il est conseillé à ceux qui envisagent la création d’un pro- l’encadrement. Toute entreprise établit son ordre de priorité. Si la
gramme de promotion de la santé sur le lieu de travail de l’élabo- promotion de la santé doit être considérée comme l’une d’entre
rer avec soin, de le mettre en œuvre progressivement, de prévoir elles, elle doit bénéficier du soutien actif et tangible des organes de
sa croissance et son extension futures, d’en suivre le déroulement direction, tant sur le plan financier que par le suivi attentif du
et la qualité et, dans toute la mesure possible, d’en évaluer les programme, dont l’importance doit être soulignée dans les propos
résultats. Les articles de ce chapitre devraient être utiles à cette adressés aux salariés, aux actionnaires, aux cadres dirigeants et
fin. même aux investisseurs extérieurs.

La confidentialité des informations

� LA PROMOTION DE LA SANTÉ
et le respect de la vie privée
Si la santé du salarié est un élément déterminant de la productivi-




PROMOTION DE LA SANTÉ
té et de la vitalité d’une entreprise, la santé en soi est une affaire
SUR LES LIEUX DE TRAVAIL personnelle. Un employeur ou une organisation syndicale qui




15. LA PROTECTION ET LA
souhaite dispenser une formation et des conseils en matière de
PROMOTION DE LA SANTÉ DANS L’ENTREPRISE




Jonathan E. Fielding santé doit impérativement intégrer à ses programmes des procé-
dures visant à garantir la confidentialité des informations et le
La raison d’être respect de la vie privée. Le désir des salariés de participer volon-
Les locaux de travail constituent des lieux appropriés pour la tairement à de tels programmes d’éducation et de conseils est
conditionné par l’assurance que les informations privées touchant
poursuite de buts liés à la santé tels que l’évaluation, l’éducation,
les conseils et la promotion de la santé en général. Du point de leur santé ne seront pas révélées à des tiers sans leur autorisation.
vue de la politique publique, ils conviennent parfaitement à des Il est particulièrement important pour les travailleurs et leurs
activités impliquant, comme cela est souvent le cas, un important représentants que les informations obtenues par des programmes
rassemblement de personnes. Par ailleurs, la plupart des tra- de santé ne soient d’aucune manière utilisées dans l’évaluation des
résultats professionnels ou dans les décisions de la hiérarchie en
vailleurs se trouvent une grande partie de la semaine dans un lieu
de travail connu. Le lieu de travail est habituellement un milieu matière d’embauche, de licenciement ou d’avancement.
contrôlé, où des individus ou des groupes peuvent suivre des
L’évaluation des besoins
programmes éducatifs ou recevoir des conseils sans être exposés
aux distractions de leur foyer ou à l’atmosphère souvent stressante L’élaboration du programme commence généralement par une
d’un cabinet médical. évaluation des besoins. On mène souvent une enquête sur le
La santé est une fonction positive en ce sens qu’elle permet à personnel afin d’obtenir des informations sur des sujets comme: a)
l’individu de poursuivre d’autres objectifs, et notamment d’obte- la fréquence des habitudes de vie telle qu’indiquée par les intéres-
nir de bons résultats professionnels. Les employeurs ont tout inté- sés (par exemple, tabagisme, activité physique, nutrition); b) les
rêt à promouvoir la santé de leur personnel en raison de son lien autres risques pour la santé: stress, hypertension, hypercholestéro-
étroit avec le rendement, en quantité comme en qualité. Ainsi, lémie et diabète, etc.; c) les préoccupations prioritaires de chacun
réduire la fréquence et la gravité des affections entraînant des en matière de réduction des risques et d’amélioration de la santé;
absences, de l’incapacité ou des résultats inférieurs à la moyenne d) l’attitude vis-à-vis d’autres conceptions possibles du pro-
est un but auquel on doit conférer un rang élevé dans l’ordre de gramme; e) les lieux préférentiels pour la tenue des activités de
priorité et d’importants investissements. Les organisations syndi- promotion de la santé; f) la volonté de participer aux activités du
cales, fondées aux fins de veiller au bien-être de leurs adhérents, programme; g) parfois la volonté de prendre en charge une partie
ont, elles aussi, tout intérêt à parrainer des programmes propres à du coût. Les enquêtes peuvent également porter sur les attitudes
améliorer leur état de santé et leur qualité de vie. envers les règles applicables ou susceptibles d’être édictées par
l’employeur, par exemple l’interdiction de fumer ou l’offre d’une
Le parrainage alimentation plus saine sur le lieu de travail, tant dans les cafété-
rias que dans les distributeurs automatiques.
Le parrainage par l’employeur comprend habituellement un sou-
tien financier total ou partiel du programme. Toutefois, il peut L’évaluation des besoins comprend parfois une analyse des
arriver que certains employeurs ne participent qu’� la program- problèmes de santé du groupe de salariés par l’examen des dos-
mation ou à la mise en place d’activités de promotion de la santé siers cliniques du service médical, des carnets de santé, des de-
pour lesquelles chaque salarié devra payer. Les programmes par- mandes de prestations pour incapacité et réparation des accidents
rainés par l’employeur comportent parfois des mesures stimulant du travail, ainsi que du nombre des absences. De telles analyses
la participation des salariés, prévoyant le suivi intégral du pro- fournissent des informations épidémiologiques générales sur la
gramme, ou encourageant une évolution salutaire de l’hygiène de prévalence et le coût des différents problèmes de santé, aussi bien
somatiques que psychologiques, ce qui permet l’évaluation des
vie. Ces mesures peuvent consister en temps libre, en récompen-
ses financières pour avoir participé ou obtenu de bons résultats, possibilités de prévention tant du point de vue de la programma-
ou encore en éloges pour avoir atteint des objectifs particuliers tion que du financement.


ENCYCLOPÉDIE DE SÉCURITÉ ET DE SANTÉ AU TRAVAIL PROMOTION DE LA SANTÉ DANS L’ENTREPRISE 15.9
15.9
LES SOINS DE SANTÉ




prendre est de savoir si l’on inclut, comme le font certains respon-
Figure 15.2 � Les éléments d’un programme de promotion sables de programme, les retraités et les conjoints et les enfants des
de la santé salariés en plus de ces derniers.
La responsabilité d’un programme de promotion de la santé
BUTS
RESSOURCES MOYENS MOYENS sur le lieu de travail peut échoir à l’un quelconque des départe-
HUMAINES FINANCIERS ADMINISTRATIFS ments préexistants, parmi lesquels: le service médical ou l’infir-
merie; les ressources humaines et le personnel; la formation;
l’administration; la mise en forme; l’assistance au personnel, etc. Il
est également possible d’installer un département distinct de pro-
motion de la santé. Ce choix est souvent très important pour le
succès du programme. Un département ayant tout intérêt à faire
1. Mission et buts
de son mieux pour ses administrés, possédant de solides connais-
2. Objectifs quantifiables sances de base, entretenant de bonnes relations de travail avec les
autres secteurs de l’entreprise et jouissant de la confiance de la
3. Personnes et services
direction et de l’encadrement opérationnel, aura toutes les chan-
responsables
ces de succès. L’attitude des salariés envers le département à qui
4. Budget le programme a été confié et leur confiance dans son sérieux, eu
égard tout particulièrement à la confidentialité des renseigne-
5. Utilisation des ressources
ments personnels, peuvent influer sur l’accueil qu’ils réserveront
internes
au programme.
6. Choix et utilisation
des ressources externes
Les thèmes
7. Populations visées D’après des enquêtes effectuées auprès de sociétés privées em-
ployant 50 personnes ou plus, la fréquence selon laquelle les
8. Systèmes de données
divers thèmes de promotion de la santé sont traités, est indiquée à
pour la gestion, le suivi
la figure 15.3. Un examen des résultats d’enquêtes comparables
et l’évaluation
faites en 1985 et en 1992 révèle des progrès notables dans la
9. Groupe de consultation plupart des domaines. En 1985, environ 66% des lieux de travail
et de gestion du projet se livraient au moins à une activité, tandis qu’en 1992, une pro-
portion de 81% en menaient une ou plusieurs. Les domaines qui
10. Thèmes à traiter
dans les activités
de promotion de la santé Figure 15.3 � Informations ou activités concernant
la promotion de la santé, par sujet,
11. Modalités de réalisation
1985 et 1992
pour chaque thème
12. Lieux d’exécution 0 20 40 60
du programme Prévention des dangers /
64
et calendrier des accidents du travail
22
Exercice / forme physique
13. Supports spécifiques 41
36
Maîtrise du tabagisme
14. Promotion du programme 40
27
Gestion du stress 37
15. Echéancier détaillé
Alcool / autres drogues 36
16. Contribution financière
29
Dorsalgies
des participants 32
17
Nutrition
17. Mesures d’incitation, 31
financières et autres, 16
Hypertension artérielle
29
à la participation
Education VIH/sida 28
18. Evaluation
Cholestérol 27
Santé mentale 25
15
Maîtrise du poids
La structure du programme 24
1985
Les résultats de l’évaluation des besoins sont examinés à la Cancer 23 1992
lumière des ressources financières et humaines disponibles, de
Automédication 18
l’expérience des programmes antérieurs, des impératifs réglemen-
taires et de la nature du personnel. Certains des principaux élé- 20
Accidents non professionnels 18
ments de l’économie d’un programme qui doivent être clairement Maladies sexuellement 10
définis lors du processus de planification sont énumérés à la fi- transmissibles
gure 15.2. L’une des décisions clés à prendre consiste à identifier Education prénatale 9
les moyens les plus efficaces d’atteindre la ou les populations 0 20 40 60
visées. Par exemple, dans le cas d’un personnel très dispersé, une Pourcentage des lieux de travail
programmation à base communautaire ou effectuée par télé-
Source: US Office of Disease Prevention and Health Promotion, 1992.
phone ou par courrier pourrait se révéler la solution la plus
pratique et la plus rentable. Une autre décision importante à


PROMOTION DE LA SANTÉ DANS L’ENTREPRISE ENCYCLOPÉDIE DE SÉCURITÉ ET DE SANTÉ AU TRAVAIL
15.10 15.10
LES SOINS DE SANTÉ




se sont le plus développés sont ceux qui ont trait à l’exercice et à ment proprement dit et pour minimiser les risques de rechute, ou
la forme physique, à la nutrition, ainsi qu’� la maîtrise de la de récidive. On a souvent recours à des séances de groupe ani-
tension artérielle et du poids. Plusieurs domaines étudiés pour la mées par un professionnel de la santé ou une personne ayant suivi
première fois en 1992 présentaient des fréquences relativement une formation spéciale afin d’aider à modifier leur comportement,
élevées, notamment l’information sur le VIH/sida, le cholestérol, tandis que le soutien des collègues peut renforcer les résultats dans
la santé mentale et la prévention des risques et accidents du des domaines tels que l’abandon du tabagisme ou l’exercice physi-
travail. Détail symptomatique de l’extension des domaines d’inté- que.
rêt, l’étude de 1992 a permis de constater que 36% des lieux de L’éducation sanitaire des travailleurs peut comporter des thè-
travail dispensaient une formation ou d’autres programmes sur mes susceptibles d’influer positivement sur la santé des membres
l’abus d’alcool et de drogue, 28% sur le VIH/sida, 10% sur la de la famille. Par exemple, elle peut inculquer des principes de
prévention des maladies sexuellement transmissibles et 9% sur protection de la santé de la femme enceinte, souligner l’impor-
l’éducation prénatale. tance de l’allaitement maternel et du rôle des parents, et appren-
Un groupe de thèmes importants que l’on rencontre de plus en dre comment faire face efficacement aux besoins en matière de
plus souvent dans les programmes de promotion de la santé sur soins et autres des parents âgés. En dispensant de bons conseils,
les lieux de travail (sur 16% des sites en 1992) est celui des soins on évite de culpabiliser les participants au programme qui ont de
auto-administrés. Les éléments communs à ces programmes for- la difficulté à modifier leurs habitudes ou qui choisissent de ne pas
ment un matériel pédagogique consacré à la façon de traiter les procéder aux changements recommandés touchant leur hygiène
problèmes de santé mineurs et d’appliquer des règles simples afin de vie.
de juger de la gravité des divers signes et symptômes, ce qui
Les travailleurs ayant des besoins particuliers
permet de décider s’il convient de s’adresser à un professionnel de
la santé et dans quel délai il faut agir. Une grande proportion de la population active, en particulier si
Faire en sorte que les consommateurs soient mieux informés elle comporte beaucoup de travailleurs âgés, souffrira tôt ou tard
des services de santé est un objectif connexe du programme, ce d’une ou plusieurs affections chroniques comme le diabète, l’ar-




PROMOTION DE LA SANTÉ
qui suppose qu’on leur enseigne entre autres la façon de choisir thrite, la dépression, l’asthme ou les lombalgies. En outre, un
un médecin, les questions à poser à celui-ci, les avantages et les sous-groupe important sera considéré comme présentant un ris-




15. LA PROTECTION ET LA
inconvénients des divers traitements, comment décider s’il faut que élevé de futurs problèmes de santé, par exemple une maladie
faire établir un diagnostic ou recommander une procédure théra- cardio-vasculaire due à l’aggravation de facteurs de risque, tels le
peutique et où les obtenir, les thérapies non traditionnelles et les cholestérol sérique total, l’hypertension artérielle, le tabagisme,
droits des patients. l’obésité ou le stress.
Ces populations peuvent être responsables d’un recours dispro-
Les évaluations de l’état de santé portionné aux services de santé, des coûts de l’assurance maladie
Quel que soit leur rôle, et quelles que soient leur ampleur et la et de la baisse de productivité, mais ces effets peuvent être atté-
population visée, on procède généralement à des évaluations mul- nués par des efforts de prévention. C’est pourquoi les pro-
tidimensionnelles de la santé des salariés participant aux premiers grammes d’éducation et de conseil consacrés à ces affections et
stades du programme et, par la suite, à intervalles réguliers. Les risques sont devenus de plus en plus courants. Ils font souvent
données recueillies systématiquement concernent le plus souvent appel à du personnel infirmier spécialement formé (ou, plus rare-
les habitudes sanitaires, l’état de santé, des mesures physiologiques ment, à un hygiéniste ou à un nutritionniste) pour aider ces
simples, telles que la tension artérielle et le profil lipidique et personnes à changer leur comportement et à s’y tenir et à collabo-
(moins souvent) les attitudes vis-à-vis de la santé, l’importance rer plus étroitement avec leur généraliste afin de mettre en œuvre
sociale de celle-ci, le recours à des services préventifs, les pratiques les mesures médicales appropriées, notamment en ce qui con-
en matière de sécurité et les antécédents familiaux. Les résultats cerne la consommation de produits pharmaceutiques.
du traitement informatique, communiqués à chaque salarié et
Les prestataires
rassemblés aux fins de la planification, du suivi et de l’évaluation
du programme, permettent en général d’estimer les risques abso- Diverses personnes interviennent dans les programmes de pro-
lus ou relatifs, qui vont du risque absolu de crise cardiaque au motion de la santé parrainés par l’employeur ou par le personnel.
cours des dix années à venir (ou comparaison du risque quantifia- Dans les grandes entreprises, en particulier celles dans lesquelles
ble, pour un individu, d’être victime d’une crise cardiaque, au la main-d’œuvre est très concentrée, le personnel en place, qu’il
risque moyen, pour des individus du même âge et du même sexe) soit à temps complet ou à temps partiel, peut fournir les princi-
à l’évaluation qualitative du niveau de santé et de risque sur une paux intervenants � personnel infirmier, hygiénistes, psycholo-
échelle allant de «mauvais» à «excellent». Des recommandations gues, physiologistes en médecine sportive et autres. Les inter-
personnalisées sont également formulées. Par exemple, il sera venants peuvent également venir de l’extérieur, qu’il s’agisse de
conseillé aux personnes sédentaires d’avoir une activité physique consultants ou d’entreprises aptes à fournir un personnel spé-
régulière, et à quelqu’un qui ne voit que rarement sa famille ou cialisé dans une vaste gamme de disciplines. Les entreprises qui
ses amis d’avoir plus de contacts sociaux. offrent de tels services sont les hôpitaux; les organisations bénévo-
Un bilan de santé peut être proposé systématiquement au mo- les (par exemple, l’Association américaine de cardiologie (Ameri-
ment de l’embauche ou comme corollaire de programmes spécifi- can Heart Association)); les sociétés de promotion de la santé à
ques et, par la suite, à intervalles fixes ou selon une périodicité but lucratif proposant des programmes de dépistage, de mise en
dictée par les conditions d’âge, de sexe et de risque pour la santé. forme, de gestion du stress, de nutrition, etc.; les organismes
spécialisés. Le matériel pédagogique peut provenir de ces diverses
Les conseils sources ou être mis au point dans l’entreprise. Les organisations
Un autre élément commun à la plupart des programmes consiste syndicales développent parfois leurs propres programmes à l’at-
à donner des conseils en vue d’abandonner certaines habitudes tention de leurs membres; elles peuvent aussi assurer certains
néfastes telles que le tabagisme, de mauvaises pratiques nutrition- services de promotion de la santé en collaboration avec l’em-
nelles ou un comportement sexuel à haut risque. Il existe des ployeur.
méthodes efficaces pour motiver les gens et les aider à modifier Nombreux sont les programmes d’éducation et de formation
leurs habitudes, pour les assister pendant le processus de change- qui ont été élaborés afin de préparer et les étudiants et les profes-


ENCYCLOPÉDIE DE SÉCURITÉ ET DE SANTÉ AU TRAVAIL PROMOTION DE LA SANTÉ DANS L’ENTREPRISE 15.11
15.11
LES SOINS DE SANTÉ




sionnels de la santé à planifier, à mettre en œuvre et à évaluer les de 48 études publiées évaluant les résultats de programmes com-
programmes de promotion de la santé sur les lieux de travail. plets de promotion de la santé et de prévention des maladies sur
Maintes universités proposent des cours sur ces sujets et certaines les lieux de travail a permis de constater que 47 d’entre elles
ont même un programme spécial ou un domaine de spécialisation signalaient un ou plusieurs résultats positifs pour la santé (Pelle-
intitulé «promotion de la santé sur les lieux de travail». De nom- tier, 1991). Nombre de ces études présentent d’importantes lacu-
breux stages de formation continue sur la façon de travailler dans nes au niveau de la conception, de la méthodologie ou de
une entreprise, la gestion des programmes et les progrès techni- l’analyse. Néanmoins, elles observent presque unanimement des
ques sont proposés par des établissements d’enseignement publics résultats positifs, et les constatations découlant de celles qui étaient
et privés, ainsi que par des organismes professionnels. Pour être les mieux conçues suggèrent que les effets réels vont dans le sens
efficaces, les prestataires doivent impérativement comprendre le souhaité. On est moins sûr, en revanche, de la reproductibilité des
contexte, les contraintes et les attitudes propres au milieu de effets dans les programmes répliqués, du maintien des effets initia-
travail. Lors de la planification et de la mise en œuvre du pro- lement observés et du reflet de leur importance statistique dans les
gramme, ils doivent être attentifs aux règles spécifiques associées constatations cliniques. En outre, la preuve de l’efficacité est bien
au type d’emploi et au lieu de travail, ainsi qu’� tout ce qui peut plus évidente pour certains facteurs de risque, tels que le taba-
se révéler pertinent en matière de relations professionnelles, d’ho- gisme et l’hypertension, que pour l’activité physique, les pratiques
raires de travail, de structures organiques statutaires ou non, sans nutritionnelles et les facteurs de santé mentale, notamment le
parler de la culture d’entreprise, de ses normes et de ses attentes. stress.

La technologie Les tendances
Les techniques utilisables vont des supports d’auto-assistance Les programmes de promotion de la santé sur les lieux de travail
comprenant traditionnellement les livres, brochures, cassettes au- se développent et dépassent les thèmes traditionnels de la lutte
dio ou vidéo et, désormais, des logiciels d’enseignement pro- contre l’abus d’alcool et de drogues, de la nutrition, de la maîtrise
grammé et des vidéodisques interactifs. La plupart des du poids, de l’abandon du tabagisme, de l’exercice physique et de
programmes appellent des contacts entre les personnes par l’inter- la gestion du stress. De nos jours, les activités portent générale-
médiaire de groupes, à l’occasion de cours, de conférences et de ment sur de nombreux thèmes liés à la santé, qui vont des aspects
séminaires, ou par une formation et des conseils individuels dis- médicaux de la grossesse ou de la ménopause à la façon de gérer
pensés par un intervenant sur place, par téléphone ou même par une affection chronique telle que l’arthrite, la dépression ou le
liaison informatique. On peut aussi faire appel à des groupes diabète. On met de plus en plus l’accent sur les différents aspects
d’auto-assistance. d’un bon équilibre mental. Par exemple, sous la rubrique des
Les bases de données informatiques sont essentielles à l’efficaci- programmes parrainés par l’employeur, peuvent apparaître des
té du programme et assurent un éventail très varié de fonctions de cours ou autres activités sur la manière «d’améliorer la commu-
gestion � budgétisation et affectation des ressources, pro- nication entre les personnes», «de développer l’estime de soi»,
grammation, suivi individuel et évaluation tant des méthodes que «d’améliorer le rendement individuel au travail et chez soi», ou «de
des résultats. Parmi les autres technologies, on pourrait citer des surmonter la dépression».
modalités aussi sophistiquées que la liaison bio-informatique di- Une autre tendance consiste à fournir des informations et des
recte relevant les mesures physiologiques � tension artérielle ou conseils plus variés sur la santé. Les interventions personnalisées
acuité visuelle �, voire la participation du sujet au programme ou de groupe peuvent être complétées par des conseils donnés par
proprement dit (sa fréquentation d’une salle de sport). Des des collègues, par un enseignement informatisé et par l’utilisation
moyens informatiques portatifs d’aide pédagogique sont actuelle- de vidéodisques interactifs. L’existence de multiples modes d’ap-
ment testés afin d’évaluer leur capacité de renforcer les change- prentissage a conduit à élargir la palette des démarches pédagogi-
ments d’habitudes. ques, afin d’accroître l’efficacité par une meilleure adéquation du
type d’apprentissage personnalisé et des préférences ou approches
L’évaluation en matière d’enseignement. Cette diversité d’approches permet à
chacun de choisir le cadre, le rythme et la forme d’enseignement
Il y a toute une gamme d’évaluations allant des remarques anec-
dotiques recueillies auprès des salariés jusqu’aux méthodes com- qui lui convient le mieux.
plexes qui méritent d’être publiées dans les journaux spécialisés. Aujourd’hui, on propose de plus en plus une éducation et des
conseils en matière de santé aux salariés des grandes entreprises,
Ainsi l’évaluation peut porter sur toute une variété de procédés et
de résultats. Par exemple, l’évaluation d’un procédé peut permet- et notamment à ceux qui peuvent être amenés à travailler sur des
tre d’analyser la façon dont le programme a été mis en œuvre, le sites éloignés, avec quelques rares collègues, et à ceux qui tra-
vaillent à domicile. L’enseignement par correspondance et par
nombre de salariés qui y ont participé et ce qu’ils en pensent. Les
évaluations des résultats peuvent être axées sur l’évolution de téléphone, lorsqu’il est possible, permet d’étendre la portée des
l’état de santé, comme la fréquence ou le niveau d’un facteur de programmes. L’avantage de ces modes d’exécution réside dans
risque, qu’il soit autosignalé (degré d’exercice) ou évalué objecti- une plus grande équité, le personnel sur le terrain n’étant plus
vement (hypertension). L’évaluation peut se concentrer sur des désavantagé par rapport à celui du siège. Ce surcroît d’équité est
parfois obtenu au prix d’une réduction des contacts personnels
données économiques telles que l’utilisation et le coût des services
de santé, ou sur l’absentéisme ou l’incapacité, que ce soit ou non avec des spécialistes sur les questions de promotion de la santé.
en liaison avec le travail.
Des règles favorables à la santé
Les évaluations peuvent ne porter que sur les participants au
programme ou couvrir tous les salariés exposés à des risques. La On s’accorde de plus en plus à reconnaître que les règles d’orga-
première sorte d’évaluation peut répondre aux questions relatives nisation et les normes sociales sont des facteurs déterminants pour
à l’efficacité d’une intervention donnée, mais la seconde répond à promouvoir la santé et l’efficacité des efforts destinés à l’améliorer.
la question plus importante de savoir si les facteurs de risque Par exemple, la limitation, voire l’interdiction de fumer dans les
d’une population entière ont été effectivement réduits. Si de nom- lieux de travail peut entraîner un déclin substantiel de la consom-
breuses évaluations se concentrent sur les efforts destinés à faire mation individuelle de cigarettes chez les salariés fumeurs. Une
évoluer un seul facteur de risque, d’autres s’attachent aux effets règle précisant qu’aucune boisson alcoolisée ne sera servie à l’oc-
simultanés des interventions à composantes multiples. L’analyse casion des réceptions données par la société permet d’envisager


PROMOTION DE LA SANTÉ DANS L’ENTREPRISE ENCYCLOPÉDIE DE SÉCURITÉ ET DE SANTÉ AU TRAVAIL
15.12 15.12
LES SOINS DE SANTÉ




une évolution du comportement du personnel. Une nourriture à compréhension des facteurs déterminants pour la santé de l’indi-
faible teneur en matières grasses et à forte teneur en hydrates de vidu et de sa famille.
carbone complexes servie au restaurant d’entreprise fournit une Il existe des méthodes très au point de planification et de mise
autre occasion d’aider les employés à mieux se porter. en œuvre des interventions, des professionnels de la santé bien
Toutefois, on peut craindre aussi que des règles d’entreprise formés pour encadrer les programmes et un vaste choix de sup-
favorables à la santé, ou encore l’expression de convictions socio- ports et de vecteurs d’enseignement. Le succès d’une telle initia-
normatives sur ce qui constitue une bonne santé, n’aient pour tive dépend de son adéquation à la culture de l’entreprise, ainsi
résultat d’ostraciser les personnes qui adoptent certaines habitudes qu’aux possibilités existantes en matière de promotion de la santé
nocives à la santé, comme celle de fumer, ou encore les personnes et aux contraintes organisationnelles propres à chaque lieu de
qui ont une forte prédisposition génétique à l’obésité. Il n’est pas travail. La plupart des résultats confirment la nécessité d’un énon-
surprenant que la plupart des programmes attirent surtout les cé précis des objectifs des programmes, mais il faudrait disposer
salariés qui ont des habitudes «saines» et présentent les risques les d’évaluations plus nombreuses faisant appel à des méthodes et à
plus faibles. des protocoles scientifiques solides.


�
L’intégration dans d’autres programmes
La promotion de la santé comporte de multiples facettes. Il sem-
LA PROMOTION DE LA SANTÉ
ble que l’on fasse toujours davantage d’efforts pour assurer une
AU TRAVAIL EN ANGLETERRE
intégration plus étroite entre l’éducation et les conseils de santé,
l’ergonomie, les programmes d’aide au personnel et, en particu- PROMOTION DE LA SANTÉ AU TRAVAIL: ANGLETERRE




Leon Kreitzman
lier, les activités à orientation médicale telles le dépistage et la
mise en forme. Dans les pays où les employeurs ont la faculté de
mettre au point leurs propres programmes de prestations de santé Dans sa déclaration de politique générale sur la santé de la nation,
ou de compléter les mesures gouvernementales par des avantages le gouvernement britannique a souscrit à la double stratégie (pour




PROMOTION DE LA SANTÉ
précis, nombreux sont ceux qui proposent des prestations clini- paraphraser l’énoncé de ses objectifs) consistant: 1) à «ajouter des
années à la vie» en favorisant un accroissement de l’espérance de
ques préventives, notamment de dépistage et de promotion de la




15. LA PROTECTION ET LA
santé, comme l’admission dans des clubs sportifs et de mise en vie et une réduction du nombre de décès prématurés; 2) à «ajou-
forme municipaux. Les politiques fiscales qui permettent aux em- ter de la vie aux années» en accroissant le nombre d’années de vie
ployeurs de déduire ces prestations de leurs déclarations d’impôts sans problèmes de santé, en réduisant ou en minimisant les effets
sont particulièrement motivantes. néfastes de la maladie et de l’incapacité, en favorisant une bonne
L’ergonomie est un facteur déterminant pour la santé des tra- hygiène de vie et en améliorant l’environnement physique et
vailleurs et elle va bien au-delà de la simple adaptation physique social � en bref, en améliorant la qualité de la vie.
du salarié aux outils de travail. Il convient de prêter attention à Il est apparu que les efforts visant à atteindre ces buts auraient
plus de chances de succès s’ils étaient déployés dans des «contex-
l’aptitude globale de l’individu à effectuer ses tâches et à s’adapter
à son milieu de travail en général. Par exemple, un environne- tes» préexistants, à savoir les écoles, les familles, les hôpitaux et les
ment de travail sain exige une bonne adéquation entre l’autono- lieux de travail.
mie et la responsabilité dans le travail, d’une part, et une On savait qu’il existait une importante activité de promotion de
adaptation efficace au style de travail de l’individu, à ses besoins la santé sur les lieux de travail (Fondation européenne pour l’amé-
familiaux et à la souplesse des exigences du poste, d’autre part. Il lioration des conditions de vie et de travail, 1991), mais on ne
ne faut pas non plus oublier la relation entre les contraintes du disposait pas d’informations de base complètes sur son niveau et
travail et la capacité de l’individu d’y faire face. En outre, on peut sa nature. Diverses études avaient été menées, mais elles avaient
toutes été limitées d’une manière ou d’une autre, que ce soit du
favoriser la santé en s’assurant que les travailleurs, tant individuel-
lement qu’en groupe, aident à modeler le contenu de leurs tâches fait de leur concentration sur une activité unique telle que le
de manière à leur donner un sentiment d’efficacité et de réussite tabagisme, ou de leur limitation à une zone géographique res-
personnelle. treinte ou à un petit nombre de lieux de travail.
Les programmes d’aide au personnel qui englobent, de façon Une étude complète de la promotion de la santé sur les lieux de
générique, les activités à orientation professionnelle parrainées par travail en Angleterre a été entreprise pour le compte de l’Office de
l’employeur qui servent de moyen d’évaluation, de conseil et de l’éducation en matière de santé (Health Education Authority). Deux
consultation pour tout salarié ayant des problèmes personnels, modèles ont été utilisés pour la conduite de cette étude: l’Enquête
nationale américaine relative à la promotion de la santé sur les lieux
doivent être étroitement liés aux programmes de promotion de la
santé et être à l’écoute des déprimés, des stressés et des préoccu- de travail (US National Survey of Worksite Health Promotion) de
pés. En retour, les programmes d’aide au personnel peuvent ren- 1985 (Fielding et Piserchia, 1989), et une étude, de 1984, menée par
voyer les travailleurs intéressés à d’autres programmes: gestion du l’Institut d’étude des lieux de travail en Grande-Bretagne (Policy
stress parrainée par l’employeur; remise en condition physique Studies Institute of Workplaces in Britain) (Daniel, 1987).
afin de soulager la dépression; conseils nutritionnels pour ceux qui
L’enquête
doivent perdre ou prendre du poids ou qui souffrent simplement
d’une mauvaise nutrition; groupes d’auto-assistance pour ceux qui Il existe plus de 2 millions de lieux de travail en Angleterre (le lieu
ont besoin d’un soutien social. de travail se définissant comme un cadre géographiquement déli-
mité). Leur distribution est très déséquilibrée: 88% d’entre eux
Conclusion emploient moins de 25 personnes et occupent environ 30% de la
La promotion de la santé sur les lieux de travail est parvenue à main-d’œuvre totale; seuls 0,3% des lieux de travail emploient
maturité, grâce, en grande partie, aux mesures favorisant l’inves- plus de 500 personnes et, pourtant, ce très petit nombre de grands
tissement des employeurs, aux résultats positifs signalés pour la établissements occupe plus de 20% de toute la main-d’œuvre.
plupart des programmes et à l’acceptation croissante de la pro- L’enquête a été organisée à l’origine pour refléter cette réparti-
motion de la santé en tant qu’élément essentiel d’un plan complet tion en faisant une très large place aux plus grands établissements
d’avantages sociaux. Sa portée s’est considérablement accrue, re- dans un échantillon aléatoire de l’ensemble des lieux de travail,
englobant à la fois les secteurs public et privé et les lieux de travail
flétant une définition plus exhaustive de la santé et une meilleure


ENCYCLOPÉDIE DE SÉCURITÉ ET DE SANTÉ AU TRAVAIL PROMOTION DE LA SANTÉ AU TRAVAIL: ANGLETERRE 15.13
15.13
LES SOINS DE SANTÉ




Figure 15.4 � Des activités liées à la santé ont-elles été en- Tableau 15.1 � Gamme d’activités liées à la santé,
treprises au cours des 12 derniers mois? selon la taille de l’effectif

% Effectif (activités en %)
77
80
Toutes 1-24 25-99 100-499 500+
Base non pondérée 1 344
70
Tabagisme 31 29 42 61 81
58
60
Alcool et prise de boisson
50 raisonnable 14 13 21 30 46
39
Régimes 6 5 13 26 47
40
Nourriture saine 5 4 13 30 45
30
Gestion du stress 9 7 14 111 32
16
20
VIH/sida et pratiques
10
sexuelles 9 7 16 26 42
0 Maîtrise du poids 3 2 4 12 30
1-24 25-99 100-499 500+
Exercice et condition
Nombre de salariés
physique 6 5 10 20 37
Santé cardiaque et activités
liées aux maladies
de toutes tailles; toutefois, les travailleurs indépendants et les tra-
cardiaques 4 2 9 18 43
vailleurs à domicile ont été exclus de l’enquête. Les seules autres
Dépistage du cancer du sein 3 2 4 15 29
exclusions concernaient divers organismes publics comme les éta-
blissements travaillant pour la défense, les services de police et Dépistage du cancer du col
l’administration pénitentiaire. de l’utérus 3 2 5 12 23
Au total, l’enquête a porté sur 1 344 lieux de travail et elle s’est
Bilan de santé 5 4 10 29 54
déroulée en mars et avril 1992. Les entretiens ont eu lieu par
téléphone, un entretien complet prenant en moyenne vingt-huit Evaluation de l’hygiène
minutes. L’entretien avait lieu avec la personne responsable des de vie 3 2 2 5 21
activités liées à la santé, quel que soit son poste. Dans les petits
Recherche du cholestérol 4 3 5 11 24
établissements, cette personne n’avait que rarement une spéciali-
Contrôle de l’hypertension
sation quelconque en matière de santé.
artérielle 4 3 9 16 44
Les résultats de l’enquête Activités liées à l’abus
La figure 15.4 illustre la réponse spontanée à la question de savoir de drogues et d’alcool 5 4 13 14 28
si des activités liées à la santé avaient été entreprises au cours de
Activités de santé spécifiques
l’année écoulée et la corrélation étroite entre la taille du lieu de
à la femme 4 4 6 14 30
travail et le type de réponse.
Activités de santé spécifiques
Une série de questions spontanées et d’autres, provoquées par
à l’homme 2 2 5 9 32
le cours de l’entretien, a suscité de la part des interlocuteurs un
volume bien plus considérable d’informations sur l’ampleur et la Prévention des lésions
nature des activités de santé. La gamme de ces activités et leur causées par une hyper-
incidence sont présentées au tableau 15.1. Certaines de ces activi- sollicitation 4 3 10 23 47
tés, comme celles qui portent sur la satisfaction au travail (en
Dorsalgies 9 8 17 25 46
Angleterre, un terme fourre-tout comprenant la responsabilité du
Vue 5 4 12 27 56
rythme et du contenu du travail, l’estime de soi, les relations
professionnelles, les qualifications et la formation), sont normale-
Ouïe 4 3 8 18 44
ment considérées comme sortant du cadre de la promotion de la
Aménagement ergonomique
santé, mais certains observateurs sont d’avis que ces facteurs revê-
des bureaux et locaux 9 8 16 23 45
tent une grande importance pour l’amélioration de la santé.
Parmi les autres sujets étudiés figuraient le processus de déci- Ventilation et éclairage
sion, les budgets, la consultation du personnel, la sensibilisation intérieurs 16 14 26 38 46
aux informations et aux conseils, les avantages des activités de
Satisfaction au travail 18 14 25 25 32
promotion de la santé pour l’employeur et le salarié, les difficultés
Bruit 8 6 17 33 48
de mise en œuvre et la conscience de l’importance de la pro-
motion de la santé. Il convient de faire un certain nombre de
Base non pondérée = 1 344.
remarques générales:
1. Globalement, 40% des établissements ont entrepris au moins
une activité majeure en matière de santé au cours de l’année
précédant l’enquête. En dehors de la lutte contre le taba- 2. Sur les petits sites, les seules activités directes de promotion de
gisme sur les lieux de travail occupant plus de 100 person- la santé de quelque importance concernent la lutte contre le
nes, aucune activité de promotion de la santé n’a lieu dans tabagisme et l’alcoolisme. Même alors, elles n’ont l’une et
une majorité d’établissements classés par taille. l’autre qu’une incidence mineure (29% et 13%).


PROMOTION DE LA SANTÉ AU TRAVAIL: ANGLETERRE ENCYCLOPÉDIE DE SÉCURITÉ ET DE SANTÉ AU TRAVAIL
15.14 15.14
LES SOINS DE SANTÉ




5. Après les programmes de lutte contre le tabagisme, dont
Figure 15.5 � Nombre probable de grands programmes l’incidence atteint 81% dans les établissements les plus
de promotion de la santé, selon l’effectif grands, et ceux de lutte contre l’alcoolisme, les plus fortes
incidences concernent le contrôle de la vue, le dépistage des
% problèmes de santé et les dorsalgies.
Effectif
80 6. Les dépistages des cancers du sein et du col de l’utérus n’a
1-24 25-99 100-499 500+ qu’une faible incidence, même dans les établissements comp-
70 tant 60% et plus de travailleuses (voir tableau 15.2).
60 7. Les entreprises du secteur public affichent pour leurs activités
Base non pondérée 1 344 une incidence double de celles du secteur privé, et cela vaut
50
pour toutes les activités.
40 8. S’agissant de la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme, les
sociétés à capitaux étrangers mènent davantage d’activités sur
30
les lieux de travail que leurs homologues britanniques. En
20 revanche, la différence est relativement faible dans la plupart
des activités autres que les dépistages (15% contre 5%) et les
10
activités connexes concernant, par exemple, le cholestérol et
0 la tension artérielle.
0 1 2 3 4 5+
9. Seul le secteur public participe de façon significative aux
Nombre de programmes activités relatives au VIH/sida. Dans la plupart des activités,
le secteur public obtient des résultats supérieurs aux autres
secteurs, à l’exception notable de la lutte contre l’alcoolisme.
10. Les lieux de travail qui n’ont pas d’activité de promotion de la
3. Le milieu physique immédiat, qui se reflète dans des facteurs




PROMOTION DE LA SANTÉ
santé sont pratiquement tous de petites ou moyennes entrepri-
tels que la ventilation et l’éclairage, est considéré comme étant
ses du secteur privé, à capitaux britanniques et appartenant en
étroitement lié à la santé, comme aussi la satisfaction au tra-




15. LA PROTECTION ET LA
vail. Toutefois, ces points ne sont mentionnés que par moins majorité aux secteurs de la distribution et de la restauration.
de 25% des établissements occupant moins de 100 personnes.
Problématique
4. A mesure que leur taille s’accroît, on constate non seulement
L’enquête quantitative par téléphone et les entretiens directs
qu’un plus fort pourcentage de lieux de travail entreprennent
menés en parallèle ont permis d’obtenir une masse d’informations
une activité quelconque, mais aussi qu’il y a une plus vaste
sur le niveau des activités de promotion de la santé dans les
gamme d’activités dans chacun d’eux. C’est ce que montre la
entreprises anglaises.
figure 15.5, qui illustre la réalisation probable d’un ou de
plusieurs grands programmes. Seuls 9% des grandes entrepri- Dans une étude de cette nature, il n’est pas possible de démêler
toutes les variables qui peuvent être sources de confusion. Il sem-
ses n’ont pas de programme du tout et plus de 50% en ont au
moins trois. Sur les plus petits sites, seuls 19% comptent deux blerait toutefois que la taille de l’entreprise, en termes d’effectifs,
son appartenance au secteur public ou à des intérêts privés, le
programmes ou plus. Entre les deux, 35% des établissements
niveau de syndicalisation et la nature du travail en lui-même
comptant de 25 à 99 personnes ont deux ou plusieurs pro-
constituent des facteurs importants.
grammes en cours, tandis que 56% de ceux-ci qui occupent
de 100 à 499 salariés en ont deux ou plus, et 33% trois ou Les messages sur la promotion de la santé sont en grande partie
transmis par des méthodes collectives comme l’affichage, la distri-
plus. Toutefois, ce serait aller trop loin que de voir apparaître
dans ces chiffres ce que l’on pourrait qualifier de «lieu de bution de dépliants ou le prêt de vidéos. Les travailleurs des
grandes entreprises ont beaucoup plus de chances de disposer de
travail sain». Même si l’on définit ainsi un site qui a plus de
conseils personnalisés, en particulier sur des thèmes tels que l’aban-
cinq programmes en place, il faut nécessairement en évaluer
don du tabagisme, les problèmes d’alcoolisme et la gestion du
la nature et l’intensité. Les entretiens approfondis suggèrent
stress. Il ressort clairement de la méthodologie de recherche utili-
que, dans de très rares cas, l’activité s’intègre à une fonction
sée que les activités de promotion de la santé ne sont pas «inté-
planifiée de promotion de la santé, et que, dans des cas
grées» à l’entreprise et qu’il s’agit d’activités très contingentes,
encore plus rares, à supposer qu’il existent, on assiste à une
modification soit des pratiques, soit des objectifs de l’entre- dont l’efficacité est conditionnée, dans la grande majorité des cas,
prise en faveur de l’amélioration de la santé. par les personnes qui les entreprennent. Jusqu’� ce jour, la pro-
motion de la santé n’a pas atteint l’équilibre entre ses coûts et ses
avantages qui la justifierait. Un tel calcul n’a pas besoin de revêtir
Tableau 15.2 � Taux de participation (spontanée la forme d’une analyse détaillée et sophistiquée, mais elle donne
ou imposée) aux tests de dépistage simplement une indication de son intérêt qui pourrait servir à
des cancers du sein et du col de l’utérus, persuader un plus grand nombre d’entreprises du secteur privé
en pourcentage de l’effectif féminin d’accroître leurs activités. Très peu d’établissements méritent
d’être considérés comme des «lieux de travail sains». Il est très
Pourcentage de l’effectif féminin rare que la promotion de la santé soit intégrée dans une fonction
planifiée de cette promotion et il est encore plus rare que l’on
Supérieur à 60% Inférieur à 60%
constate une modification des pratiques ou des objectifs de l’entre-
prise qui mettrait l’accent sur l’amélioration de la santé.
Dépistage du cancer du 4% 2%
sein
Conclusion
Dépistage du cancer du 4% 2%
Il semble que les activités de promotion de la santé soient en aug-
col de l’utérus
mentation, car 37% des personnes interrogées affirment qu� elles se
sont développées au cours de l’année précédant l’enquête. La
Base non pondérée = 1344.
promotion de la santé est considérée comme un sujet important,


ENCYCLOPÉDIE DE SÉCURITÉ ET DE SANTÉ AU TRAVAIL PROMOTION DE LA SANTÉ AU TRAVAIL: ANGLETERRE 15.15
15.15
LES SOINS DE SANTÉ




41% des petites entreprises allant même jusqu’� le qualifier de très travail, ils peuvent hésiter à implanter un programme devant les
important. Des bienfaits considérables pour la santé et la forme nombreux obstacles qu’ils rencontrent (Muchnick-Baku et Orrick,
des salariés ont été portés au crédit des activités de promotion de 1992):
la santé, comme la réduction de l’absentéisme et de l’incidence
� «Cela coûte trop cher.» Une erreur fréquente consiste à croire que
des maladies.
Toutefois, on ne dispose que de peu d’évaluations systémati- la promotion de la santé sur les lieux de travail coûte trop cher
ques et, si des règles écrites ont été adoptées, elles sont loin d’être à une petite entreprise. Certains établissements instaurent tou-
d’application générale. Même si les buts de la promotion de la tefois des programmes en tirant parti de façon imaginative de
santé sont approuvés et si l’on en perçoit les avantages, on ne voit ressources communautaires gratuites ou bon marché. Par
encore guère de manifestations d’une institutionnalisation de ces exemple, le Groupe économique de New-York sur la santé
activités dans la culture d’entreprise. En Angleterre, la promotion (New York Business Group on Health), un groupe d’action de
de la santé sur les lieux de travail semble contingente et précaire. promotion de la santé fort de plus de 250 sociétés affiliées du
grand New York, organise régulièrement un atelier intitulé Le
bien-être avec des bouts de ficelle, qui s’adresse principalement aux

� LA PROMOTION DE LA SANTÉ petites entreprises et met l’accent sur les matériels mis à disposi-
tion gratuitement ou à peu de frais par les organismes de santé
locaux.
DANS LES PETITES ENTREPRISES: � «C’est trop compliqué.» Une autre erreur consiste à penser que les
L’EXPÉRIENCE AMÉRICAINE programmes de promotion de la santé sont trop complexes pour
s’adapter à la structure de la petite entreprise type. Or, les petites
PROMOTION DE LA SANTÉ: PETITES ENTREPRISES AUX É.-U.




Sonia Muchnick-Baku et Leon J. Warshaw sociétés peuvent commencer à un niveau très modeste et donner
graduellement plus d’ampleur à leurs efforts à mesure que des
La raison d’être des programmes de promotion et de protection besoins complémentaires se font jour. On en voit l’illustration
de la santé et leurs différents modes de réalisation ont déjà fait chez Sani-Dairy, une petite entreprise de Johnstown (Pennsylva-
l’objet d’autres articles du présent chapitre. Les principales activi- nie), qui a commencé par une publication mensuelle sur la
tés entreprises à la suite de ces initiatives ont été conduites dans les promotion de la santé, destinée aux travailleurs et à leur famille
grandes sociétés qui disposent de moyens suffisants pour instaurer et réalisée par quatre salariés à titre d’activité «extraprofession-
des programmes complets. Toutefois, la majorité de la main- nelle». Ils ont ensuite commencé à planifier diverses manifesta-
d’œuvre est salariée dans de petites entreprises où la santé et le tions de promotion de la santé tout au long de l’année. A
bien-être des travailleurs sont susceptibles d’avoir un impact plus l’inverse d’un grand nombre de petites entreprises, Sani-Dairy
important sur la capacité de production et, au bout du compte, met l’accent sur la prévention des maladies dans son programme
sur le succès de l’entreprise. Reconnaissant la justesse de ce point, médical.
quelques petites sociétés se préoccupent désormais de la relation Les petites entreprises peuvent également réduire la complexité
entre les pratiques de santé préventives et les salariés productifs. des programmes en proposant moins souvent des services de
Un nombre croissant d’entre elles se rendent compte que, avec promotion de la santé que les grandes entreprises. Les lettres
l’aide de grands groupes commerciaux, de ressources communau- d’information et les supports pédagogiques en matière de santé
taires, d’organismes publics et bénévoles de santé et de modestes peuvent être distribués trimestriellement plutôt que mensuelle-
stratégies novatrices conçues pour répondre à leurs besoins spéci- ment; on peut aussi organiser un nombre plus limité de sémi-
fiques, elles peuvent établir des programmes efficaces et peu coû- naires sur la santé à des époques de l’année appropriées, ou en
teux donnant de bons résultats. liaison avec les campagnes nationales annuelles telles que le
Ces dix dernières années, le nombre de programmes de pro- Mois du cœur (Heart Month), la Semaine de prévention du
motion de la santé implantés dans les petites entreprises a considé- cancer (Cancer Prevention Week) ou la Campagne nationale
rablement augmenté. C’est là une tendance importante non seule- contre le tabagisme (Great American Smoke Out) aux Etats-
ment parce qu’elle représente un progrès sur le plan de la pro- Unis.
� «Il n’est pas prouvé que ces programmes marchent.» Les petites entre-
motion de la santé dans les lieux de travail, mais aussi par ses
incidences sur la future politique de santé de la nation. Nous prises n’ont tout simplement ni le temps ni les moyens de faire
examinerons ici quelques-uns des obstacles auxquels sont con- des analyses coûts-avantages systématiques de leurs pro-
frontées les petites entreprises dans la mise en œuvre de ces grammes de promotion de la santé. Elles doivent se fier à des
programmes et décrirons les stratégies adoptées par celles qui ont expériences épisodiques (qui peuvent souvent les induire en
su les surmonter. Nous nous inspirons en partie d’un article publié erreur) ou à des déductions tirées d’études pratiquées dans de
en 1992 à l’issue d’un colloque sur les petites entreprises et la grandes entreprises. «Ce que nous essayons de faire, c’est de
promotion de la santé, organisé sous le patronage de diverses bénéficier des enseignements des grandes sociétés», confie
instances, le Groupe économique de Washington sur la santé Shawn Connors, Président du Centre international de sensibili-
(Washington Business Group on Health), l’Office de la prévention sation à la santé (International Health Awareness Center), «et
des maladies du Service de la santé publique des Etats-Unis nous extrapolons à partir de leurs informations. Lorsqu’il appa-
(Office of Disease Prevention of the US Public Health Service), et raît que ces initiatives font faire des économies, nous pensons
l’Administration des petites entreprises des Etats-Unis (US Small que la même chose se produira chez nous.» Bien que la plupart
Business Administration) (Muchnick-Baku et Orrick, 1992). A ti- des études publiées tentant de prouver l’efficacité de la pro-
tre d’exemple, nous citerons des entreprises qui ont réussi, grâce à motion de la santé soient entachées de défauts, Pelletier a
leur ingéniosité et à leur détermination, à mettre en œuvre des trouvé dans la littérature des preuves suffisamment nombreuses
programmes efficaces avec des moyens limités. confirmant l’intérêt de tels programmes (Pelletier, 1991; 1993).
� «Nous n’avons pas les connaissances spécialisées nécessaires à la conception
d’un programme.» C’est peut-être vrai pour la plupart des chefs de
Les obstacles rencontrés par les petites entreprises petites entreprises, mais cet argument ne doit pas constituer un
Même si les propriétaires de nombreuses petites entreprises sont obstacle. Nombreux sont les organismes de santé gouverne-
mentaux et bénévoles qui fournissent des modules gratuits ou
favorables au concept de promotion de la santé sur le lieu de


PROMOTION DE LA SANTÉ: PETITES ENTREPRISES AUX É.-U. ENCYCLOPÉDIE DE SÉCURITÉ ET DE SANTÉ AU TRAVAIL
15.16 15.16
LES SOINS DE SANTÉ




peu coûteux contenant des instructions détaillées et des spéci-
Figure 15.6 � Modèles de dossiers pour l’élaboration mens de documents (voir figure 15.6) pour présenter un pro-
de programmes de promotion de la santé gramme de promotion de la santé. En outre, un grand nombre
sur les milieux de travail aux Etats-Unis de ces organismes offrent des services consultatifs. Enfin, dans
la plupart des grands centres et dans de nombreuses universités,
il existe des consultants qualifiés avec qui négocier, moyennant
des honoraires relativement modestes, des contrats de courte
durée en vue de la mise en place d’un programme de pro-
motion de la santé adapté aux besoins et aux conditions d’une
un pro-
èle pour petite entreprise.
Plan mod e d’élimination
� «Notre entreprise n’est pas assez grande � nous n’avons pas la place
gram ue sur les lieux
m US National Institute on Drug Abuse
g
de la dro e travail (NIDA) nécessaire.» C’est vrai pour la plupart des petites entreprises, mais
d 5600 Fisher Lane, Rm 10839
cela ne doit pas empêcher un bon programme de fonctionner.
Rockville, MD 20857, USA
L’employeur peut participer à des programmes proposés loca-
lement par les hôpitaux, les organismes bénévoles de pro-
motion de la santé, les associations médicales et les
organisations communautaires en subventionnant tout ou par-
avail:
sion au tr tie des frais qui ne sont pas couverts par la police d’assurance
La dépres rspective
maladie collective. Bon nombre de ces activités ont lieu en
une pe
rection US National Institute of Mental Health (NIMH)
pour la di dehors des heures de travail, le soir ou en fin de semaine, ce qui
D/ART Public Education Campaign
5600 Fisher Lane, Rm 7602 supprime la nécessité de libérer les salariés qui y participent.
Rockville, MD 20857, USA

Les avantages des petites entreprises




PROMOTION DE LA SANTÉ
Même si les petites entreprises ont effectivement à faire face à de




15. LA PROTECTION ET LA
gros obstacles sur les plans financier et administratif, elles jouis-
da.
se et le si sent aussi de certains avantages. Parmi ceux-ci, citons (Muchnick-
L’entrepri et dossier
ention Baku et Orrick, 1992):
Prév n
la directio
destiné à US Centers for Disease Control and Prevention
� Le côté familial. Plus l’entreprise est petite, plus l’employeur est à
1600 Clifton Road, NE
Atlanta, GA 30333, USA même de connaître ses salariés et leur famille. Cela peut facili-
ter la transformation de la promotion de la santé en «affaire
socio-familiale» apte à créer des liens et propice à la santé.
� Des cultures de travail communes. Dans les petites entreprises, il y a
moins de diversité entre les salariés que dans les grandes, ce qui
orizon
travail à l’h facilite la mise au point de programmes cohérents.
Santé au : stratégies
� L’interdépendance des salariés. Dans les petites entreprises, les sala-
2000 National Resource Center on Worksite
ployeurs
pour les em Health Promotion
riés dépendent davantage les uns des autres. Un salarié absent
Washington Business Group on Health
pour cause de maladie, en particulier si son arrêt de travail se
777 N Capitol St. NE, Suite 800
Washington, DC 20002, USA prolonge, entraîne une importante perte de productivité et im-
pose un surcroît de travail à ses collègues. En même temps,
comme les membres de l’unité de travail sont proches les uns
fants,
jeunes en
Santé des entreprises. des autres, la pression des collègues est un stimulant plus effi-
nté des r
sa
l’employeu cace à une participation aux activités de promotion de la santé.
Guide de rer la santé
� Une haute direction plus accessible. Dans les petites entreprises, l’em-
io
pour amél mère March of Dimes Birth Defects Foundation
de la ployeur est plus accessible, plus proche du personnel et mieux à
risson 1274 Mamaroneck Ave.
et du nour White Plains, NY 10605, USA même de connaître les problèmes et les besoins de chacun. Par
ailleurs, plus l’entreprise est petite, plus son propriétaire ou le
directeur d’exploitation intervient directement dans les décisions
touchant les nouvelles activités du programme, qui ne sont pas
ralenties par la bureaucratie propre aux grosses sociétés. Dans
une petite entreprise, cette personne clé est mieux en mesure
avail
Cœur et tr d’assurer le soutien de haut niveau indispensable au succès des
American Heart Association
5335 Wisconsin Ave., NW, Suite 940 programmes de promotion de la santé.
� Une utilisation efficiente des ressources. Comme leurs ressources sont
Washington, DC 20015, USA
souvent très limitées, les petites entreprises tendent à faire
preuve de plus d’efficience dans l’usage des moyens à leur
s moyens disposition. Elles n’hésitent pas à faire appel aux ressources
Trouver le l’exécution
res à
nécessai mes de pré- communautaires des organismes médico-sociaux bénévoles,
m
de progra cardiopathies gouvernementaux et sectoriels, des hôpitaux et des écoles qui
s
vention de travailleurs permettent à peu de frais de dispenser informations et éduca-
chez les National Heart, Lung and Blood Institute
P.O. Box 30105 tion à leurs salariés et à leur famille (voir figure 15.6).
Bethesda, MD 20824-0105, USA

L’assurance maladie et la promotion de la santé
dans les petites entreprises
Plus l’entreprise est petite, moins elle est susceptible d’offrir une
police d’assurance collective pour les soins de santé à ses salariés et


ENCYCLOPÉDIE DE SÉCURITÉ ET DE SANTÉ AU TRAVAIL PROMOTION DE LA SANTÉ: PETITES ENTREPRISES AUX É.-U. 15.17
15.17
LES SOINS DE SANTÉ




à leur famille. Pourtant, il est difficile à un employeur d’affirmer délégués d’atelier devraient également y être associés. Souvent,
qu’il se soucie de la santé de ses salariés pour justifier des activités l’invitation à parrainer conjointement le programme désamor-
de promotion de la santé s’il ne met pas à leur disposition une cera l’opposition latente du syndicat envers des programmes
assurance maladie de base. Même lorsqu’une telle assurance est d’entreprise visant à améliorer le bien-être du personnel; elle
offerte, les exigences budgétaires la restreignent bien souvent aux peut également encourager le syndicat à œuvrer en vue d’une
«prestations minimales» ne procurant qu’une couverture très limitée. reprise du programme par d’autres sociétés du même secteur
D’un autre côté, de nombreux plans collectifs d’assurance cou- industriel ou de la même région.
�
vrent les examens médicaux périodiques, les mammographies, les Faire participer les conjoints et la famille des salariés. Les habitudes
frottis vaginaux, les vaccinations et les soins aux nourrissons et d’hygiène caractérisent généralement la cellule familiale. Les
aux enfants en bas âge. Malheureusement, les avances à consentir supports pédagogiques devraient viser la famille; dans la mesure
pour couvrir la part déductible des honoraires et paiements con- du possible, les conjoints des salariés et les autres membres de la
joints nécessaires avant le remboursement des prestations dissua- famille devraient être encouragés à participer aux activités.
�
dent souvent de faire appel à ces services. Pour surmonter ce Obtenir l’approbation et la participation de la haute direction. Les diri-
problème, certains employeurs prennent des dispositions afin de geants de l’entreprise devraient approuver publiquement le
rembourser les salariés de tout ou partie de ces frais; d’autres programme et en confirmer l’intérêt en participant à certaines
trouvent plus pratique et moins coûteux de les prendre tout sim- de ses activités.
�
plement à leur charge en les inscrivant sous la rubrique «dépenses Collaborer avec d’autres entreprises. Chaque fois qu’il sera possible,
d’exploitation». on réalisera des économies d’échelle en s’associant à d’autres
Indépendamment de l’inclusion des services de prévention dans entreprises locales, en utilisant les installations municipales, etc.
�
leur couverture, certains organismes d’assurance proposent des Garantir la confidentialité des informations individuelles. Mettre un
programmes de promotion de la santé à leurs titulaires de polices point d’honneur à ce que les informations individuelles sur les
collectives, généralement à titre onéreux, mais parfois sans frais problèmes de santé, les résultats d’analyses, voire la participa-
supplémentaires. Ces programmes portent en général sur des tion à certaines activités, ne figurent pas dans les dossiers per-
supports imprimés et audiovisuels, mais certains sont plus com- sonnels, et éviter tout risque d’ostracisme en maintenant leur
plets et conviennent particulièrement aux petites entreprises. confidentialité.
�
Dans un nombre croissant de domaines, les entreprises et au- Axer le programme sur un bon thème et en changer souvent. Donner au
tres types d’établissements ont formé des groupes d’«action-santé» programme une bonne image et bien faire connaître ses objec-
pour développer l’information et la compréhension et pour four- tifs. Sans abandonner les activités utiles, modifier le thème
nir des réponses aux problèmes de santé auxquels elles-mêmes et central du programme afin de renouveler l’intérêt et d’éviter
les communautés locales sont confrontées. Nombre de ces grou- toute impression de stagnation. Une façon d’y parvenir consiste
pes fournissent à leurs membres une aide à la conception et à la à tirer parti des programmes nationaux et communautaires tels
mise en œuvre de programmes de promotion de la santé sur les que le Mois national du cœur (National Heart Month) et la
lieux de travail. En outre, des conseils voués au bien-être se créent Semaine du diabète (Diabetes Week).
�
dans un nombre croissant de communautés où ils encouragent Faciliter la participation de chacun. Les activités qui ne peuvent pas
l’élaboration d’activités de promotion de la santé dans les entre- être pratiquées sur le lieu de travail doivent être déplacées dans
prises et la collectivité. des lieux avoisinants. S’il n’est pas possible de les programmer
pendant les horaires de travail, elles peuvent se tenir aux heures
Suggestions à l’intention des petites entreprises de repas ou en fin de journée; pour certaines activités, il peut
Les suggestions ci-après contribueront à assurer le succès du lan- être plus pratique de les prévoir le soir ou en fin de semaine.
�
cement et de l’exécution d’un programme de promotion de la Envisager des récompenses et d’autres mesures incitatives. Les mesures
incitatives les plus couramment utilisées pour encourager la
santé dans une petite entreprise:
participation à un programme et récompenser de bons résultats
� Intégrer le programme dans les activités de l’entreprise. Le programme sont du temps libre, des rabais partiels sur divers tarifs ou la
gratuité pure et simple, une réduction de la contribution du
aura plus d’efficacité et coûtera moins cher s’il est intégré dans
les plans collectifs d’avantages sociaux et d’assurance maladie salarié aux primes de la police d’assurance maladie de groupe
(indexée sur le risque), des bons d’achat chez les commerçants
du personnel, dans la politique de relations professionnelles, le
locaux, de petites récompenses telles que T-shirts, montres ou
milieu de travail et la stratégie commerciale de l’entreprise.
Point plus important encore, il doit impérativement être coor- bijoux fantaisie, droit à une place de stationnement et mention
dans les lettres d’information de l’entreprise ou sur les pan-
donné avec les règles et pratiques de l’entreprise en matière de
neaux d’affichage des locaux.
sécurité et de santé au travail.
�
� Analyser le coût tant pour le personnel que pour l’entreprise. Il peut y Evaluer le programme. Le nombre de participants et le taux
avoir une énorme différence entre ce que les salariés souhai- d’abandon indiquent l’acceptabilité de certaines activités. Les
tent, ce dont ils ont besoin et ce que l’entreprise peut se permet- progrès quantifiables tels que l’abandon du tabagisme, la perte
ou le gain de poids, l’abaissement de la tension artérielle ou du
tre. Cette dernière doit être en mesure d’affecter les moyens
taux de cholestérol, les indices de forme physique, etc., permet-
nécessaires au programme tant du point de vue des investisse-
ments financiers que de celui du temps et des efforts du person- tent d’en évaluer l’efficacité. On peut enquêter périodiquement
auprès du personnel afin de connaître son opinion sur le pro-
nel. Il serait vain de lancer un programme qui ne pourrait pas
gramme et d’obtenir des suggestions en vue de son améliora-
être poursuivi faute de moyens. En même temps, les projections
tion. L’étude de données telles que l’absentéisme, la rotation du
budgétaires devraient tenir compte d’une augmentation des
personnel, les variations quantitatives et qualitatives de la pro-
moyens alloués, de manière à couvrir l’extension du programme
à mesure qu’il se met en place et se développe. duction et l’utilisation des prestations de soins de santé permet
� Faire participer le personnel et ses représentants. Un groupe représenta- d’évaluer l’utilité du programme pour l’entreprise.
tif de l’ensemble du personnel � allant de la direction aux
Conclusion
simples ouvriers en passant par l’encadrement � devrait parti-
ciper à la conception, à l’exécution et à l’évaluation du pro- Même s’il reste d’importants obstacles à franchir, ceux-ci ne sont
pas insurmontables. Les programmes de promotion de la santé
gramme. Lorsqu’il existe un syndicat, ses dirigeants et les


PROMOTION DE LA SANTÉ: PETITES ENTREPRISES AUX É.-U. ENCYCLOPÉDIE DE SÉCURITÉ ET DE SANTÉ AU TRAVAIL
15.18 15.18
LES SOINS DE SANTÉ




sont tout aussi valables � et souvent plus � dans les petites matériel d’information médicale limité. Il est souhaitable d’avoir
entreprises que dans les grandes. Même s’il est difficile de réunir des programmes complets lorsque le lieu de travail se situe dans
des données fiables, on peut s’attendre à ce qu’elles révèlent des une zone isolée où les services collectifs font défaut; dans de telles
avantages similaires sur le plan de la santé physique et du bien- situations, l’employeur doit impérativement offrir des services de
être des salariés, ainsi que de la productivité. Y parvenir avec des santé complets, y compris, bien souvent, aux personnes à charge
moyens souvent limités exige un grand soin dans la planification de ses salariés, afin d’attirer et de retenir un personnel fidèle, en
et la mise en œuvre, l’aval et le soutien de la haute direction, la bonne santé et productif. On trouve généralement des services
participation des salariés et de leurs représentants, l’intégration du réduits au minimum dans les cas où il existe un bon système de
programme de promotion de la santé dans les politiques et prati- santé publique, ou encore lorsque l’entreprise est petite, dépour-
ques de l’entreprise en matière de sécurité et de santé, un plan vue de moyens ou, enfin, quelle que soit sa taille, si elle est
d’assurance pour les soins de santé et la conclusion d’accords indifférente à la santé et au bien-être de son personnel.
paritaires appropriés, et, enfin, l’utilisation des appuis et des servi- Nous n’évoquerons aucune de ces situations extrêmes et tour-
ces gratuits ou peu coûteux disponibles dans la collectivité. nerons au contraire notre attention vers des situations plus cou-
rantes et plus favorables où les activités et les programmes assurés
par le service médical interne complètent utilement les services

� LE RÔLE DU SERVICE MÉDICAL organisés par la collectivité.

L’organisation des services de prévention
INTERNE DANS LES PROGRAMMES Généralement, les services de prévention comportent une éduca-
DE PRÉVENTION tion et une formation en matière de santé, des bilans et des
examens médicaux périodiques, des programmes de dépistage de
RÔLE DU SERVICE MÉDICAL INTERNE




John W.F. Cowell certains problèmes de santé et des conseils dans ce domaine.
La participation à l’une quelconque de ces activités devrait




PROMOTION DE LA SANTÉ
Le service médical interne est essentiellement chargé d’assurer le procéder d’une démarche volontaire, et toutes constatations et
traitement des lésions et affections aiguës survenant sur le lieu de recommandations individuelles devraient rester confidentielles en-




15. LA PROTECTION ET LA
travail, d’effectuer les examens d’aptitude au travail (Cowell, tre le service médical et le salarié, quoiqu’il soit possible, avec
1986) et de prévenir, de détecter et de traiter les accidents et les l’assentiment de ce dernier, d’adresser un rapport à son médecin
maladies liés au travail. Toutefois, il peut également jouer un rôle de famille. Procéder d’une autre façon ôterait définitivement toute
important dans les programmes de prévention et de protection de efficacité au programme. Ce sont là des considérations importan-
la santé. Dans le présent article, nous vouerons une attention tes dont on a toujours tiré d’utiles enseignements. Les pro-
particulière aux services pratiques que cette unité organique peut grammes qui ne jouissent pas de la confiance des salariés auront
assurer en la matière. du mal à recruter des participants et, si l’impression prévaut que
D’entrée de jeu, le service médical a servi de centre de préven- ces programmes ne sont proposés par la direction que pour servir
tion des problèmes de santé extraprofessionnels. Ses activités tra- ses propres intérêts ou pour manipuler le personnel, il y a peu de
ditionnelles englobent la distribution d’un matériel d’éducation à chance qu’il en résulte quoi que ce soit d’utile.
la santé, la rédaction par son personnel d’articles de promotion de En principe, les services de prévention sont dispensés par le
la santé destinés à être publiés dans les journaux d’entreprise et, personnel du service médical, souvent en collaboration avec un
chose peut-être plus importante encore, la sensibilisation du per- service interne d’éducation ouvrière (s’il en existe). Lorsque le
sonnel médical (médecins du travail, personnel infirmier d’entre- personnel en question manque de temps ou de l’expérience néces-
prise) à la nécessité de dispenser des conseils préventifs lors des saire, ou lorsqu’il faut un équipement spécial (par exemple, pour
visites médicales de salariés présentant des risques ou les premiers une mammographie), ces services peuvent être fournis en passant
signes d’atteintes à leur santé. Des examens médicaux périodiques un contrat avec un prestataire extérieur. Compte tenu des parti-
axés sur les effets potentiels des risques professionnels ont souvent cularités de certaines entreprises, ces contrats sont parfois conclus
permis de déceler les symptômes avant-coureurs d’un problème par un responsable n’appartenant pas au service médical interne
de santé. � c’est souvent le cas des entreprises décentralisées où ces con-
Le chef du service médical est bien placé pour jouer un rôle clé trats de services sont négociés par la direction avec des prestatai-
dans les programmes de prévention de l’entreprise. Sa position lui res locaux. Toutefois, il est souhaitable de laisser au chef du
permet en effet d’intégrer une composante de prévention dans les service médical la responsabilité d’établir le cadre du contrat, de
services liés au travail, et de tirer parti de la considération que les vérifier les capacités des prestataires éventuels et de les surveiller.
employés lui accordent généralement et des relations qu’il a éta- Dans de tels cas, et bien que des comptes rendus généraux
blies avec la haute direction; or, c’est par cette dernière que seront puissent être fournis à la direction, les résultats individuels doivent
apportés les changements souhaitables à l’organisation et au mi- être envoyés au service médical interne et conservés par ce der-
lieu de travail et que les moyens nécessaires à un bon programme nier ou par le prestataire extérieur dans des dossiers confidentiels
de prévention seront obtenus. placés sous surveillance. En aucun cas, ces informations sur la
Dans certains cas, les programmes de prévention à caractère santé du salarié ne doivent figurer dans le dossier classé au dépar-
non professionnel sont placés sous l’égide d’autres départements tement des ressources humaines. L’un des grands avantages de
de l’entreprise, comme ceux du personnel ou des ressources hu- disposer d’un service médical interne ne réside pas seulement
maines. Une telle pratique est généralement malavisée, mais elle dans le fait de pouvoir séparer les dossiers médicaux des autres
peut être nécessaire quand, par exemple, ces programmes sont dossiers de l’entreprise et de les placer sous le contrôle d’un
exécutés par différents prestataires extérieurs. En ce cas, il faudrait professionnel de la santé au travail, mais aussi dans la possibilité
au moins assurer leur coordination en étroite collaboration avec le d’utiliser ces informations comme base d’un suivi discret, de ma-
service médical interne. nière à ce que des recommandations médicales importantes ne
Selon la nature et l’implantation du lieu de travail, et l’engage- soient pas ignorées. L’idéal est que le service médical interne, si
ment de l’entreprise envers la prévention, ces services peuvent être possible de concert avec le médecin personnel du salarié, assure
soit très complets et couvrir pratiquement tous les aspects des ou surveille la fourniture des services de diagnostic ou thérapeuti-
soins de santé, soit réduits au minimum et ne fournir qu’un ques voulus. D’autres membres du service médical interne, tels


ENCYCLOPÉDIE DE SÉCURITÉ ET DE SANTÉ AU TRAVAIL RÔLE DU SERVICE MÉDICAL INTERNE 15.19
15.19
LES SOINS DE SANTÉ




que kinésithérapeutes, masseurs, spécialistes de l’exercice physi- Enfin, des expositions sur la santé organisées périodiquement,
que, nutritionnistes, psychologues et hygiénistes pourront égale- avec présentation d’organismes sanitaires bénévoles locaux, et des
ment faire profiter les intéressés de leurs connaissances particuliè- espaces proposant des campagnes de dépistage de masse, consti-
res. tuent un moyen très apprécié de susciter l’intérêt, voire l’engoue-
Les activités de promotion et de protection de la santé assurées ment du public.
par le service médical interne doivent nécessairement compléter
Les examens médicaux périodiques
son rôle premier de prévention et de traitement des accidents et
des maladies liés au travail. Mises en œuvre et gérées de manière Outre les visites médicales périodiques requises ou conseillées
adéquate, elles apporteront une nette amélioration au programme pour les salariés exposés à des risques particuliers du fait de leur
de base de sécurité et de santé au travail, mais à aucun moment travail ou du milieu, de nombreux services médicaux d’entreprise
elles ne doivent s’y substituer. Confier la responsabilité des servi- proposent des bilans de santé périodiques plus ou moins complets.
ces de prévention au service médical interne facilitera la bonne Si les moyens en personnel et en équipement sont limités, des
intégration des deux programmes et permettra une utilisation arrangements peuvent être conclus pour qu’ils soient effectués,
optimale de ressources limitées. souvent aux frais de l’employeur, dans des dispensaires locaux ou
par des médecins privés. Lorsque de tels services ne sont pas
disponibles localement, on peut faire en sorte qu’un prestataire
Les éléments du programme vienne sur place avec une unité d’examen mobile ou installe des
véhicules équipés sur l’aire de stationnement.
L’éducation et la formation A l’origine, dans la plupart des entreprises, ces examens étaient
réservés aux cadres moyens et supérieurs. Parfois, ils s’étendaient
Le but ici est d’informer les salariés et les membres de leur famille
sur une bonne hygiène de vie et de les convaincre de l’observer. aux salariés justifiant d’un certain nombre d’années d’ancienneté
L’idée est de les mettre en mesure de changer leur comportement ou atteints d’une affection déterminée. Ils comportaient fréquem-
ment une anamnèse complète et un examen physique associé à
en matière de santé afin de leur assurer une existence plus longue,
plus saine, plus productive et plus agréable. toute une série de tests de laboratoire, d’examens radiologiques,
Diverses techniques de communications et divers types de pré- d’électrocardiogrammes et de tests d’effort, et à l’exploration de
sentations peuvent être utilisés à cette fin. Des dépliants attrayants tous les orifices corporels. Du moment que l’entreprise acceptait
et faciles à lire peuvent se révéler très utiles en cas de contraintes de payer, les centres d’examen à vocation «commerciale» ne
tardaient pas à ajouter de nouveaux tests à mesure que de nouvel-
budgétaires. Ils sont mis à la disposition des intéressés dans des
présentoirs de salles d’attente, distribués par courrier interne ou les technologies se faisaient jour. Dans les entreprises prêtes à
expédiés par la poste. Il est particulièrement indiqué de les remet- offrir des prestations encore plus élaborées, ces contrôles avaient
lieu à l’occasion d’un court séjour dans une station thermale en
tre au salarié lors d’une discussion sur tel ou tel point de santé. Le
chef du service médical ou la personne responsable du pro- vogue: ils donnaient parfois des indications importantes et utiles,
gramme de prévention doit veiller à ce que les informations qu’ils mais les erreurs étaient également fréquentes. Pour user d’un
euphémisme, les examens pratiqués dans de telles conditions
contiennent soient exactes, pertinentes et présentées dans des ter-
mes compréhensibles (des éditions distinctes sont parfois nécessai- étaient plutôt coûteux.
Depuis quelques décennies, l’intensification des pressions éco-
res pour atteindre les différentes couches d’un personnel diversi-
fié). nomiques, la tendance à l’égalitarisme et, en particulier, l’absence
Le personnel du service médical interne ou des orateurs invités de justification de ces examens, ont fait qu’on les a à la fois
peuvent exposer certaines questions intéressant la santé au cours généralisés et rendus moins exhaustifs.
de réunions internes, tenues à l’heure du déjeuner; les salariés Aux Etats-Unis, le Groupe d’étude sur la prévention (US Pre-
amènent leur casse-croûte, déjeunent tout en écoutant, sans se ventive Services Task Force) a publié une évaluation de l’efficacité
de 169 interventions préventives (1989). La figure 15.7 présente,
soucier d’une quelconque interférence avec les horaires de travail.
Le travail en petits groupes interactifs animés par un professionnel sur une durée de vie complète, un calendrier des examens et des
analyses destinés à des adultes en bonne santé occupant des postes
de la santé bien informé est tout indiqué pour les travailleurs
partageant un problème particulier; la pression de l’entourage de direction à faible risque (Guidotti, Cowell et Jamieson, 1989).
constitue souvent une puissante motivation pour le respect des Ce sont de tels efforts qui ont abaissé le coût et accru l’efficacité
des examens médicaux périodiques.
recommandations de santé. La consultation directe est bien en-
tendu un vecteur excellent, mais elle est très exigeante en person-
Les dépistages périodiques
nel et doit être réservée aux situations spéciales. Il faut toutefois
veiller à ce que les salariés ayant des questions à poser aient Ces programmes sont conçus pour détecter le plus tôt possible un
toujours accès à une source d’informations fiable. état de santé ou un processus pathologique qui réponde à une
Les thèmes portent sur l’abandon du tabagisme, la gestion du intervention précoce visant à y remédier, d’une part, et, d’autre
stress, la consommation d’alcool et de drogues, la nutrition et la part, pour déceler les premiers signes et symptômes associés à de
maîtrise du poids, la vaccination, les conseils préalables aux voya- mauvaises habitudes de vie; si celles-ci sont abandonnées, on
ges et les maladies sexuellement transmissibles. On met souvent évitera ou différera une maladie ou un vieillissement prématuré.
l’accent sur le contrôle des facteurs de risque de maladies cardio- L’accent est généralement mis sur les affections cardio-respira-
vasculaires et cardiaques tels que l’hypertension et les teneurs toires, métaboliques (diabète) et musculo-squelettiques (lombal-
anormales du sang en lipides. Parmi d’autres sujets fréquemment gies, efforts répétitifs), et la détection précoce du cancer (côlon,
abordés, on peut citer le cancer, le diabète, les allergies, le traite- poumon, utérus, sein).
ment personnel des maladies mineures courantes et la sécurité Certaines entreprises proposent de procéder à des évaluations
chez soi et sur la route. périodiques des risques pour la santé sous la forme d’un question-
Certains thèmes se prêtent à des démonstrations et à une parti- naire portant sur l’hygiène de vie et les symptômes potentielle-
cipation active: formation à la réanimation cardio-pulmonaire, ment significatifs, souvent complété par des mesures physiques
formation aux premiers secours, exercices permettant d’éviter les telles que la taille et le poids, l’épaisseur du pli cutané, la tension
efforts répétitifs et les dorsalgies, exercices de relaxation et cours artérielle, l’analyse d’urine et la détermination du taux de choles-
d’autodéfense, particulièrement appréciés du personnel féminin. térol dans le sang. D’autres lancent des programmes de dépistage


RÔLE DU SERVICE MÉDICAL INTERNE ENCYCLOPÉDIE DE SÉCURITÉ ET DE SANTÉ AU TRAVAIL
15.20 15.20
LES SOINS DE SANTÉ




Figure 15.7 � Programme de suivi de l’état de santé sur la vie entière

30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60
Anamnèse
Antécédents d’alcoolisme
Antécédents de tabagisme
Antécédents affectifs et sexuels
Antécédents en matière d’activité physique
Antécédents nutritionnels
Antécédents professionnels
30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60
Examen médical complet
Tension artérielle
Poids et taille
Vue
Ouïe
Examen oral
Examen des seins
Examen gynécologique




PROMOTION DE LA SANTÉ
Examen rectal




15. LA PROTECTION ET LA
Traces de sang dans les selles
30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60
Numération globulaire
Glucose sérique
Lipides sériques (cholestérol
et triglycérides)
Chimie urinaire
Analyse microscopique de l’urine
VDRL (diagnostic de la syphilis)
Test DPP (dérivé protéique purifié)
30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60
Tonométrie
Spirométrie
Electrocardiogramme
Frottis vaginal
Coloscopie
30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60
Mammographie




à grande échelle; les plus courants sont ceux qui recherchent dical interne ou si ce dernier ne peut participer au programme de
l’hypertension, le diabète, le taux de cholestérol et le cancer. Il ne dépistage, ces considérations sont souvent négligées, ce qui remet
nous appartient pas de discuter ici de l’utilité de ces tests. Toute- en question tout l’intérêt du programme.
fois, le chef du service médical joue un rôle critique dans le choix
La mise en forme physique
des protocoles les plus appropriés au personnel et dans l’évalua-
tion de la précision, de la spécificité et de l’intérêt prédictif des Dans nombre de grandes entreprises, la mise en forme physique
tests. Il importe, tout particulièrement lorsqu’on fait appel à du est au centre du programme de promotion et d’entretien de la
personnel temporaire ou à des partenaires extérieurs, que le chef santé. Elle comprend des activités d’aérobic pour le cœur et les
du service médical vérifie leurs qualifications et leur formation poumons, et des exercices de musculation et d’assouplissement
afin de s’assurer de la qualité de leurs services. Tout aussi impor- pour le système musculo-squelettique.
tants sont la communication rapide des résultats aux personnes Dans les entreprises disposant d’une salle de sport, celle-ci
ayant subi le dépistage, la possibilité de procéder immédiatement dépend souvent du service médical. De ce fait, elle est utilisable
à des tests de confirmation et à un diagnostic plus poussés pour non seulement pour les programmes de mise en forme, mais aussi
ceux dont les résultats sont positifs ou équivoques, l’accès à des pour les exercices de prévention et de traitements des dorsalgies,
informations fiables pour ceux qui peuvent avoir des questions à des syndromes douloureux de l’épaule et de la main, etc. Une telle
poser et un système de suivi destiné à encourager l’observation organisation facilite aussi le suivi médical des programmes d’exer-
des recommandations. Lorsqu’on ne dispose pas d’un service mé- cice spéciaux destinés aux femmes reprenant leur travail à la suite


ENCYCLOPÉDIE DE SÉCURITÉ ET DE SANTÉ AU TRAVAIL RÔLE DU SERVICE MÉDICAL INTERNE 15.21
15.21
LES SOINS DE SANTÉ




d’une grossesse et aux salariés ayant subi une intervention chirur- famille aient travaillé pour cet employeur. La langue de travail est
gicale ou ayant été victimes d’un infarctus du myocarde. le français, mais la plupart des salariés sont pratiquement bilin-
Les programmes de mise en forme physique peuvent être effi- gues (français et anglais). L’entreprise dispose depuis plus de qua-
caces, mais ils doivent être élaborés et guidés par un personnel rante ans d’un service médical interne. Si les prestations offertes à
dûment formé sachant comment amener les personnes en mau- l’origine étaient plutôt de type «traditionnel», depuis quelques
vais état physique ou atteintes d’une déficience à une forme nor- années, l’entreprise a adopté une approche préventive qui va de
male. Pour éviter les éventuels effets contraires, chaque personne pair avec la volonté d’«amélioration permanente» affichée dans
participant à un programme de mise en forme physique doit toute l’entreprise Maclaren.
passer une visite médicale, par exemple dans le service médical de
La prestation de services de médecine du travail
l’entreprise.
Le médecin d’entreprise a des responsabilités sur les lieux de
L’évaluation du programme travail, et il est placé sous l’autorité directe des directeurs de la
Le chef du service médical est le mieux placé pour évaluer le santé, de la sécurité et de l’amélioration permanente. Ce dernier
programme de protection et de promotion de la santé de l’entre- rend compte directement au président de la société. Un personnel
prise. L’accumulation des données tirées des estimations de ris- infirmier est employé à plein temps sur les deux principaux sites
ques, des examens médicaux et des dépistages périodiques, des (l’usine de pâte à papier, qui compte 390 salariés, et l’unité de
visites au service médical, des absences pour accidents ou mala- papier journal qui en compte 520) et relève du médecin pour
dies, etc., recueillies pour un groupe donné de salariés ou pour toutes les questions touchant à la santé. L’infirmière affectée à la
l’ensemble du personnel, peut être mise en parallèle avec les division du papier journal est également responsable de la division
évaluations du rendement, les coûts de réparation des accidents énergie/forêt (60 personnes) et du siège social (50 personnes). Un
du travail et de l’assurance maladie et autres données relatives à la hygiéniste à temps complet et des fonctionnels sécurité sur les trois
gestion pour permettre, au fil du temps, d’évaluer l’efficacité du sites viennent compléter l’équipe professionnelle s’occupant de la
programme. Ces analyses peuvent aussi servir à identifier d’éven- santé et d’activités connexes.
tuelles insuffisances justifiant une modification du programme et,
L’approche préventive
parallèlement, elles peuvent montrer à la direction combien il est
opportun de continuer à allouer au programme les moyens néces- La prévention des maladies et des accidents est conduite par
saires. Des formules permettant de calculer le rapport coûts-avan- l’équipe chargée de la sécurité et de la santé du travail, avec la
tages de ces programmes ont été publiées (Guidotti, Cowell et collaboration de toutes les parties intéressées. Les méthodes géné-
Jamieson, 1989). ralement utilisées n’établissent pas de distinction entre la préven-
tion liée au travail et celle qui ne l’est pas. On considère que la
Conclusion prévention reflète une attitude ou une qualité qui ne s’arrête pas
Les publications scientifiques du monde entier apportent des aux portes de l’usine. Dans le même esprit, l’entreprise est con-
preuves à l’appui des programmes de prévention médicale (Pelle- vaincue que la prévention est susceptible d’améliorations perma-
tier, 1991 et 1993). Le service médical d’entreprise présente des nentes; c’est la raison pour laquelle elle fait évaluer ses divers
avantages uniques pour mener ces programmes et peut, à tout le programmes.
moins, participer à leur conception, assurer leur suivi et évaluer
L’amélioration permanente des programmes de prévention
leurs résultats. Le chef du service médical est parfaitement placé
pour inscrire ces programmes dans les activités consacrées à la Les programmes d’évaluation de l’état de santé, de l’hygiène du
sécurité et à la santé des travailleurs, de manière à les promouvoir travail, de l’environnement, des plans d’urgence et de la sécurité
dans l’intérêt tant des salariés individuels (et de leur famille, font partie intégrante de la politique d’amélioration permanente.
lorsqu’elle participe au programme) que de l’entreprise. Les conclusions des évaluations, même si elles ont trait au respect
de la légalité et du règlement intérieur, insistent également sur les
«meilleures pratiques de gestion» dans les domaines jugés suscep-
tibles d’amélioration. Aussi les programmes de prévention sont-ils
sans cesse réexaminés et des idées présentées, afin d’atteindre les

� LES PROGRAMMES D’AMÉLIORATION objectifs de prévention des programmes de santé au travail et des
programmes connexes.
DE LA SANTÉ CHEZ MACLAREN Les bilans de santé
INDUSTRIES, INC.: ÉTUDE DE CAS Tous les candidats à l’emploi sont soumis à des bilans de santé
préalables à l’embauche axés sur les risques (chimiques, physiques
AMÉLIORATION DE LA SANTÉ: ÉTUDE DU CAS MACLAREN




Ian M.F. Arnold et Louis Damphousse ou biologiques) présents sur le lieu de travail. Des recommanda-
tions indiquant l’aptitude au travail et des restrictions éventuelles
Introduction sont formulées en fonction de ce bilan. Elles visent à réduire les
accidents ou les maladies. L’enseignement de l’hygiène du travail,
L’entreprise qui fait partie du bilan de santé, a pour but de sensibiliser les
James Maclaren Industries, Inc., l’entreprise choisie pour cette travailleurs aux effets possibles des risques professionnels et de les
inciter à prendre des mesures pour les réduire, en particulier celles
étude de cas, fabrique du papier et de la pâte à papier et est
implantée dans l’Ouest de la province du Québec, au Canada. qui concernent leur santé.
Filiale de Noranda Forest, Inc., elle comporte trois grandes divi- Les programmes d’évaluations périodiques de l’état de santé
dépendent de l’exposition et des risques propres au lieu de travail.
sions: une usine de pâte de bois dur, une unité de production de
papier journal à partir de pâte mécanique, une centrale hydro- Le programme de protection de l’ouïe est un exemple parfait d’un
programme conçu pour éviter les atteintes à la santé. L’accent est
électrique. L’industrie du papier et de la pâte à papier prédomine
dans la région, et la société objet de l’étude est plus que cente- mis sur la réduction du bruit à la source et le personnel participe à
naire. Le personnel, soit environ 1 000 salariés, est d’origine lo- l’établissement d’un ordre de priorité en la matière. Un bilan
cale, et il n’est pas rare que plusieurs générations de la même audiométrique effectué tous les cinq ans fournit une excellente


AMÉLIORATION DE LA SANTÉ: ÉTUDE DU CAS MACLAREN ENCYCLOPÉDIE DE SÉCURITÉ ET DE SANTÉ AU TRAVAIL
15.22 15.22
LES SOINS DE SANTÉ




occasion de conseiller le personnel quant aux signes et symptômes recourir aux ressources médicales publiques dans le cas où un
d’un déficit auditif induit par le bruit et aux mesures préventives, suivi plus poussé ou un traitement se révélerait nécessaire.
tout en aidant à évaluer l’efficacité du programme de contrôle. Il
Les programmes d’aide aux salariés
est recommandé aux salariés de suivre les mêmes conseils hors du
et à leur famille
travail � c’est-à-dire d’utiliser une protection auditive et d’éviter
toute exposition au bruit. Les problèmes qui se répercutent sur les résultats professionnels
Des bilans de santé spécifiques pour certains risques sont égale- ont fréquemment leur origine dans des difficultés extérieures au
ment effectués pour les travailleurs affectés à des tâches spéciales travail. Dans de nombreux cas, ils reflètent des difficultés liées au
telles que la lutte contre l’incendie, le sauvetage, le travail en contexte social de l’employé, à son milieu familial ou à la collec-
station d’épuration, les travaux entraînant une exposition excess- tivité. Il existe pour cela des possibilités de consultations internes
ive à la chaleur, la manœuvre d’une grue et la conduite de et externes. L’entreprise a mis en place depuis plus de cinq ans
véhicules. De même, les salariés qui se servent de masques respi- un programme confidentiel d’aide aux salariés (et, plus récem-
ratoires doivent subir un examen permettant de déterminer s’ils ment, à leur famille) qui touche bon an mal an environ 5% du
sont médicalement aptes au port du masque. Les risques d’exposi- personnel. Il a bénéficié d’une large publicité, et les travailleurs
tion encourus par le personnel des sous-traitants sont également ont été encouragés à y participer dès qu’ils en éprouvent le
évalués. besoin. Les informations reçues en retour indiquent que le pro-
gramme a largement contribué à minimiser ou à éviter la dété-
Informations sur les risques rioration des performances professionnelles. Les raisons princi-
Il est également obligatoire de communiquer à tout le personnel pales invoquées pour recourir au programme d’aide sont les
des informations relatives aux risques pour la santé. Il s’agit là problèmes familiaux et sociaux (90%); l’alcoolisme et les problè-
d’une tâche d’envergure puisqu’il faut informer les salariés des mes de drogue ne représentent qu’un faible pourcentage du total
effets sur la santé des diverses substances auxquelles ils peuvent des cas (10%).
être exposés. A titre d’exemple, on parlera des substances qui Le programme d’aide au personnel contient un autre élément




PROMOTION DE LA SANTÉ
peuvent provoquer toute une série de troubles respiratoires, c’est- institué par l’entreprise, une procédure de suivi psychologique
à-dire soit des produits issus de réactions impliquant d’autres pour tous les incidents sérieux. En effet, les accidents mortels ou




15. LA PROTECTION ET LA
matières, soit des produits présentant un danger par exposition graves peuvent avoir des effets particulièrement néfastes sur les
directe: on citera dans ce domaine le dioxyde de soufre, le sulfure salariés et entraîner de lourdes conséquences à long terme, non
d’hydrogène, le chlore, le dioxyde de chlore, le monoxyde de seulement pour le bon fonctionnement de l’entreprise mais aussi,
carbone, les oxydes d’azote et les fumées de soudage. Les fiches de et plus particulièrement, pour les personnes impliquées dans l’in-
données de sécurité (FDS) relatives aux produits (connues égale- cident.
ment en anglais sous le nom de Material Safety Data Sheets
Les programmes de bien-être
(MSDS)) constituent la principale source d’informations sur ce
sujet. Malheureusement, les FDS des fournisseurs ne donnent pas Plus récemment, l’entreprise a décidé d’élaborer un programme
des informations suffisamment précises sur les risques pour la de «bien-être» qui vise à prévenir les maladies par une approche
santé et sur la toxicité, et il peut se faire qu’elles ne soient pas intégrée. Ce programme comporte plusieurs composantes: santé
disponibles dans les deux langues officielles. Ce problème a été cardio-respiratoire, mise en condition physique, nutrition, aban-
résolu sur l’un des sites de la société (cette mesure sera étendue don du tabagisme, gestion du stress, traitement des dorsalgies,
aux autres sites) par la mise au point de fiches donnant sur une prévention du cancer et lutte contre l’abus de certaines substan-
page des informations médicales tirées d’une base de données ces. Plusieurs de ces thèmes ont déjà été mentionnés plus haut;
complète et fiable (utilisant un logiciel de rédaction de FDS dispo- d’autres (non abordés ici) seront mis en œuvre de manière pro-
nible dans le commerce). Le projet a été entrepris avec le soutien gressive.
des membres du comité paritaire de santé et de sécurité; il a non
Les programmes spéciaux de communication
seulement permis de résoudre un problème de communication,
mais encore a encouragé toutes les parties présentes sur le lieu de
1. VIH/sida. L’apparition du VIH/sida dans la population a mis
travail à y participer.
en lumière la nécessité d’informer la communauté des tra-
vailleurs, et ce, pour deux raisons: d’une part, pour apaiser la
Les programmes de dépistage de l’hypercholestérolémie
peur d’une contagion en cas de contamination d’un salarié et,
L’entreprise a mis à la disposition de tous ses employés, et sur tous
d’autre part, pour faire connaître les mesures de prévention et
ses sites, un programme volontaire de dépistage de l’hypercholes-
les modes de contamination. Un programme a été mis à la
térolémie. Ce programme fournit des conseils sur les conséquen-
disposition du personnel, à titre volontaire, afin de répondre à
ces pour la santé d’un taux élevé de cholestérol, sur le suivi
ces deux objectifs. Les centres de santé ont également distri-
médical nécessaire (par le médecin de famille) et sur la nutrition.
bué des brochures et autres documents.
Lorsqu’il existe des services de restauration sur le lieu de travail,
2. Communication des résultats d’études. On trouvera ci-après des
des aliments à apport nutritif contrôlé sont proposés au personnel.
exemples de deux communications récentes sur des études de
Le personnel médical met également des brochures sur la nutri-
santé menées dans des domaines qui préoccuperaient tout
tion à la disposition des salariés et de leur famille pour les aider à
spécialement les salariés.
comprendre et à réduire les facteurs de risque pour leur santé
� Etude sur les champs électromagnétiques. Les résultats de l’étude
personnelle.
sur les champs électromagnétiques entreprise par Electrici-
Les programmes de dépistage de l’hypertension artérielle té de France (EDF), Hydro Québec et Ontario Hydro
Que ce soit en conjonction avec les campagnes publiques annuelles (Thériault, 1994) ont été communiqués à tous les tra-
ou périodiques (Mois du cœur (Heart Month)), l’entreprise encou- vailleurs exposés ou potentiellement exposés. L’objet de
rage ses employés à faire contrôler leur tension artérielle et, le cas cette communication était d’éviter que ne s’installent des
échéant, à se faire suivre. Des conseils leur sont dispensés pour les craintes injustifiées et de s’assurer que les salariés dispo-
aider � eux et, indirectement, leur famille � à comprendre les saient d’informations de première main sur les problèmes
complications médicales que peut entraîner l’hypertension et à touchant leur lieu de travail et, le cas échéant, leur santé.


ENCYCLOPÉDIE DE SÉCURITÉ ET DE SANTÉ AU TRAVAIL AMÉLIORATION DE LA SANTÉ: ÉTUDE DU CAS MACLAREN 15.23
15.23
LES SOINS DE SANTÉ




�
� Etudes sur les problèmes de santé. Plusieurs études menées dans
LE RÔLE DU SERVICE MÉDICAL
l’industrie du papier portent sur les conséquences, pour la
INTERNE DANS LES PROGRAMMES
santé, du travail dans cette industrie. Parmi les thèmes
étudiés figuraient l’incidence du cancer et la mortalité par
DE PRÉVENTION: ÉTUDE DE CAS
cancer. Les salariés ont été informés du lancement de ces
études dont les résultats seront divulgués dès qu’ils seront SERVICE MÉDICAL ET PRÉVENTION: ÉTUDE DE CAS




disponibles. Les objectifs sont ici d’apaiser les craintes et de Wayne N. Burton
faire en sorte que les salariés aient la possibilité de connaî-
tre les résultats d’études portant sur leur propre activité La First Chicago Corporation est une société holding de la First
professionnelle. National Bank of Chicago, qui occupe la onzième position parmi
les plus grandes banques des Etats-Unis. Cette société compte
3. Sujets d’intérêt collectif. Toujours animée par un souci de préven-
18 000 salariés, dont 62% de femmes. L’âge moyen est de 36,6
tion, la société a invité les médecins locaux à visiter ses bâti-
ans. La plupart des salariés travaillent dans les Etats de l’Illinois,
ments, à rencontrer le personnel chargé de l’hygiène et de la
de New York, du New Jersey et du Delaware. Il y a environ cent
santé du personnel et à assister à des exposés sur la santé dans
lieux de travail distincts dont la taille va de 10 à plus de 4 000
l’industrie du papier et de la pâte à papier. Cette initiative a
salariés. Les six plus grands, avec chacun plus de 500 salariés
aidé les praticiens locaux à mieux comprendre les conditions
(représentant à eux seuls 80% de l’effectif total), disposent de
de travail et, notamment, l’exposition aux risques, ainsi que
services médicaux internes gérés par le département médical du
les exigences liées au travail des salariés. L’entreprise et les
siège, en collaboration avec le responsable local des ressources
médecins œuvrent désormais de concert afin de diminuer les
humaines. Les petits établissements sont visités par un personnel
effets néfastes éventuels des accidents et maladies.
infirmier professionnel et participent aux programmes par des
La population locale a également été invitée à des séances
documents écrits, des cassettes vidéo et des communications télé-
d’information sur les problèmes d’environnement liés aux ac-
phoniques et, pour les programmes spéciaux, par des contrats
tivités de la société et elle a pu poser des questions sur les
passés avec des partenaires locaux.
sujets qui la préoccupent (y compris les problèmes de santé).
En 1982, le département médical et l’administration des presta-
L’intérêt de la prévention est ainsi porté à la connaissance de
tions de la société ont mis au point un programme complet de
la collectivité.
bien-être géré par le département médical et visant notamment à
4. Tendances de la prévention. On envisage de recourir à des techni-
améliorer l’état de santé des salariés et de leur famille afin de
ques de modification du comportement pour renforcer l’état
réduire autant que possible les coûts des soins de santé et de
de santé des travailleurs et diminuer l’incidence des accidents
l’incapacité.
et maladies. Les modifications n’auront pas seulement un
effet positif sur les habitudes d’hygiène professionnelle des
Du besoin de données sur les soins de santé
travailleurs, mais également sur leur milieu familial.
Afin que la First Chicago Corporation reprenne un certain con-
trôle de l’escalade des coûts de santé, le département médical et
La participation du personnel aux décisions sur la sécurité et la
l’administration des prestations de la société sont tombés d’accord
santé existe déjà dans les comités mixtes de sécurité et de santé.
sur le fait qu’il fallait analyser en détail les sources de dépenses. En
On recherche activement à l’heure actuelle d’autres moyens d’éten-
1987, la frustration éprouvée à la suite de l’insuffisance qualitative
dre ce partenariat à de nouveaux domaines.
et quantitative des données disponibles a conduit la société à
planifier, à mettre en œuvre et à évaluer ses propres programmes
Conclusion de promotion de la santé. Deux consultants spécialistes des systè-
Les éléments essentiels du programme de Maclaren sont les sui- mes d’information ont été engagés pour aider à constituer une
vants: base de données interne, dénommée Système d’information sur la
médecine et les soins infirmiers du travail (Occupational Medicine
and Nursing Information (OMNI) System) (Burton et Hoy, 1991).
� un engagement ferme de la direction à promouvoir et protéger
Pour garantir sa confidentialité, le système est installé dans le
la santé;
département médical.
� l’intégration des programmes de santé au travail dans ceux qui
Les bases de données OMNI regroupent les demandes de rem-
visent des problèmes de santé non professionnels;
boursement de soins de santé (hospitalisation et traitement ambu-
� la participation de toutes les parties intéressées à la planifica-
latoire) et celles formulées au titre de l’incapacité et des accidents
tion, à la mise en œuvre et à l’évaluation du programme;
du travail, les prestations fournies par le Programme d’aide aux
� une collaboration avec les institutions médicales publiques, les
salariés de la banque (Bank’s Employee Assistance Program
prestataires de services et les organismes collectifs;
(EAP)), les relevés d’absences, la participation au programme de
� une approche progressive de l’extension du programme;
bien-être, les évaluations des risques pour la santé (ERS), les
� des évaluations de l’efficacité du programme visant à identifier
traitements prescrits et les conclusions des analyses de laboratoire
les problèmes et les domaines dans lesquels les programmes
et des examens médicaux. Ces données sont examinées périodi-
peuvent être renforcés, combinées à des plans d’action pour
quement afin d’évaluer l’impact du programme de bien-être et
assurer les mesures de suivi voulues;
d’indiquer les éventuels changements à opérer.
� une intégration effective de toutes les activités concernant l’en-
vironnement, la santé, l’hygiène et la sécurité.
Le programme de bien-être
de la First Chicago Corporation
La présente étude de cas a été axée sur des programmes exis- Le programme de bien-être comprend un vaste éventail d’activi-
tants conçus pour promouvoir la santé du personnel et éviter tés portant sur les domaines ci-après:
certains effets indésirables. Les possibilités de renforcement de
� Education en matière de santé. Des dépliants et brochures sur de
cette approche sont illimitées et s’harmonisent parfaitement avec
la volonté d’amélioration permanente qui caractérise cette entre- nombreux thèmes sont mis à la disposition des salariés. Une
prise. lettre d’information, Wellness Newsletter, envoyée à tous les sala-


SERVICE MÉDICAL ET PRÉVENTION: ÉTUDE DE CAS ENCYCLOPÉDIE DE SÉCURITÉ ET DE SANTÉ AU TRAVAIL
15.24 15.24
LES SOINS DE SANTÉ




riés, est complétée par des articles reproduits dans les publica- en gynécologie détaché par un grand hôpital universitaire. Pé-
tions de la banque et sur les menus de la cafétéria. On peut riodiquement, ce service est aussi organisé dans deux autres
visionner sur place ou emprunter des cassettes vidéo sur des établissements et il est prévu de l’étendre à un autre, doté d’un
questions de santé au travail. Des ateliers, séminaires et exposés service médical. Des examens annuels volontaires sont proposés
sur des sujets tels que la santé mentale, la nutrition, la violence, au département médical du siège à toutes les employées inscri-
la santé des femmes et les maladies cardio-vasculaires sont tes au plan de prestations d’assurance de la banque (les sala-
proposés toutes les semaines dans les principaux établissements riées ayant choisi de s’inscrire auprès d’un organisme de main-
aux heures de repas. tien de la santé (Health Maintenance Organization (HMO))
� Conseils personnalisés. Un personnel infirmier diplômé est présent peuvent y faire exécuter ces examens). L’examen comprend
pour répondre personnellement aux questions et donner des une anamnèse, des examens gynécologiques et généraux, des
conseils individuels, que ce soit dans les services médicaux inter- analyses de laboratoire tels que frottis vaginaux pour la détec-
nes ou par téléphone pour les employés des petites succursales. tion du cancer du col de l’utérus et tout autre test requis.
� Evaluation des risques pour la santé (ERS). Un programme ERS Outre ces examens et consultations, le gynécologue anime éga-
informatisé, comprenant notamment la mesure de la tension lement des séminaires consacrés aux problèmes de santé des
artérielle et du taux de cholestérol dans le sang, est proposé à la femmes. Ce programme s’est révélé un moyen pratique et
plupart des nouveaux employés et, périodiquement, aux em- économique d’encourager les soins préventifs chez les femmes.
�
ployés plus anciens dans les établissements disposant d’un ser- Préparation à la maternité et formation prénatale. Les Etats-Unis se
vice médical. Il est également offert régulièrement au personnel placent au vingt-quatrième rang des pays industriels pour la
de certaines succursales. mortalité infantile. A la First Chicago Corporation, les deman-
� Examens médicaux périodiques. Ils sont proposés à titre facultatif au des de remboursement au titre de la grossesse ont représenté en
personnel d’encadrement. Le personnel féminin de l’Illinois 1992 près de 19% du total des frais médicaux assumés par le
peut bénéficier d’examens médicaux annuels, comprenant frot- plan d’assurance santé des employés et de leur famille. En
tis et examen des seins. Un dépistage collectif de l’hypertension, 1987, afin de relever ce défi, la banque, en coopération avec la




PROMOTION DE LA SANTÉ
du diabète, du cancer du sein et de l’hypercholestérolémie est campagne «March of Dimes» (dont l’équivalent, en France,
organisé sur les lieux de travail disposant d’un service médical. serait la récolte des pièces jaunes) a commencé à proposer une




15. LA PROTECTION ET LA
� Préretraite. Des examens physiques préalables au départ à la série de cours dispensés sur place par une infirmière du travail
retraite sont proposés à tous les salariés à partir de 55 ans et spécialement formée. Ces cours se tiennent pendant les heures
tous les trois ans par la suite jusqu’� leur départ effectif. Un de travail et insistent sur les soins prénatals, l’hygiène de vie,
atelier complet de préparation à la retraite est proposé, avec une saine nutrition et donnent des indications sur la césarienne.
notamment des sessions sur le thème «Comment vieillir en En s’inscrivant au programme, les employées remplissent un
conservant la santé». questionnaire d’évaluation des risques de la grossesse qui est
� Programmes de promotion de la santé. Des tarifs préférentiels sont analysé par ordinateur; les femmes et leur gynécologue reçoi-
négociés avec les prestataires locaux de services pour les em- vent un compte rendu mettant en lumière les risques de com-
ployés participant à des programmes de mise en forme physi- plications associés à la grossesse, tels que mauvaise hygiène de
que. Des programmes d’éducation prénatale, d’abandon du vie, maladies génétiques et problèmes médicaux.
�
tabagisme, de gestion du stress, de perte de poids, de bien-être Pour encourager la participation, les salariées ou épouses d’em-
des enfants, de réduction des facteurs de risque cardio-vascu- ployés qui suivent les cours jusqu’� leur seizième semaine de
laire et de formation à l’auto-examen pour les cancers de la grossesse peuvent obtenir une franchise de 400 dollars déducti-
peau et du sein sont offerts gratuitement sur place. ble sur les remboursements des soins aux nouveau-nés. Les
� Formation à la réanimation cardio-respiratoire (RCR) et aux premiers résultats préliminaires de ce programme d’éducation prénatale
soins. La formation à la RCR est dispensée à tous les personnels destiné aux salariées de la région de Chicago (Illinois) sont
de sécurité et à certains autres salariés. Des cours de réanimation notamment les suivants:
� le taux des césariennes est de 19% chez les employées ayant
des nourrissons et de premiers soins sont également proposés.
� Programmes de vaccination. La vaccination contre l’hépatite B est participé au programme d’éducation prénatale sur place,
offerte à tout le personnel du service médical qui peut être contre 28% chez les non-participantes. Le taux moyen des
exposé à du sang ou à des fluides corporels. Les personnes césariennes dans la région se situe aux alentours de 24%;
� le coût moyen d’un accouchement dans la région de Chica-
envoyées à l’étranger sont vaccinées contre la diphtérie et le
tétanos, selon le risque d’infection encouru dans les régions go (Illinois), pour les salariées qui ont participé aux cours
visitées. L’importance de la vaccination contre la grippe est d’éducation prénatale, était de 7 793 dollars contre 9 986
soulignée. Ceux qui le désirent doivent s’adresser à leur méde- dollars pour les autres;
� les arrêts de travail pour grossesse (incapacité de travail de
cin de famille ou aux services de santé locaux.
courte durée) tendent à être moindres pour les employées
Le programme de santé destiné au personnel féminin ayant participé aux cours d’éducation prénatale.
� Programme d’allaitement maternel. Le département médical offre
En 1982, la First National Bank of Chicago s’est rendu compte de
ce que plus de 25% du total des soins de santé des employés et de aux salariées qui souhaitent allaiter une salle privée et un réfri-
leur famille correspondaient à des problèmes de santé féminins. gérateur destiné à entreposer le lait maternel. La plupart des
services médicaux d’entreprise disposent de tire-lait électriques
En outre, plus de 40% de tous les arrêts pour incapacité de courte
durée (six mois au maximum) étaient dus à des grossesses. Pour et offrent gratuitement des fournitures aux femmes allaitantes
inscrites au plan médical de la banque (moyennant contribu-
maîtriser ces coûts en contribuant à assurer des soins de qualité à
prix raisonnable, un programme complet a été élaboré, axé sur la tion aux salariées inscrites à des programmes HMO).
�
prévention, la détection précoce et le contrôle des problèmes de Mammographie. Depuis 1991, des mammographies de dépistage
du cancer du sein sont proposées gratuitement dans les services
santé chez les femmes (Burton, Erikson et Briones, 1991). Le
programme comprend aujourd’hui les prestations suivantes: médicaux d’entreprise aux Etats-Unis. Des unités mobiles de
mammographie appartenant à des prestataires locaux agréés
� Programme d’obstétrique et de gynécologie. Depuis 1985, la banque sont amenées sur les six lieux de travail disposant d’un service
médical, une ou plusieurs fois par an, en fonction des besoins.
emploie à temps partiel à son siège de Chicago un consultant


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15.25

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